Rédaction
14 February 2019
J'imagine qu'à Berlin, où il est venu présenter l'adaptation par Claudio Giovannesi de son roman La Paranza dei bambini (le film porte aussi le titre Piranhas), Saviano est protégé par les services secrets allemands et italiens. Cependant, il ne s'agit plus ici d'une dénonciation de la Mafia, mais du portrait d'un nouveau phénomène urbain absolument glaçant : l'ultra-violence des bandes de jeunes garçons (15 ans en moyenne) qui terrorisent certains quartiers pauvres de Naples.
Tous les interprètes sont des non-professionnels recrutés par le metteur en scène dans les banlieues napolitaines. Le film est traité un peu comme un reportage, avec les images récurrentes des jeunes voyous qui déferlent sur leurs scooters dans les rues étroites de la ville. Et la conclusion est inévitablement tragique, à partir du moment où le chef de bande Nicola procure des armes à ses copains grisés par le maniement d'une kalachnikov.
© Palomar |
La fragilité, voire l'effondrement des valeurs familiales n'est pas un thème limité à l'Italie. Ce qui me frappe dans cette Berlinale, c'est à quel point les relations parents-enfants sont à la base de nombreux scénarios, notamment dans les films allemands. Je note que deux de ces longs métrages sont réalisés par des femmes.
© Douglas Kirkland |
Dans System Crasher de Nora Fingscheidt, une mère refuse de récupérer sa fille psychotique de 9 ans, rejetée par toutes les institutions spécialisées en raison d'un comportement ultra-violent et destructeur. Dans I was at home, but... de Angela Schanelec, un garçon de 13 ans quitte sa mère pendant une semaine, mais quand il revient sans donner d'explications, cette jeune femme se rend compte que depuis lors le noyau familial est en train de se désintégrer.
Dieter Kosslick avait annoncé au début du Festival que le thème de cette 69e édition serait « Tout ce qui est d'ordre privé est politique ». En ce début du 21e siècle, la famille est en effet au cœur de ce que Freud décrivait jadis comme « Dans Unbehagen in der Kultur » (Malaise dans la civilisation).
Traditionnellement, la Berlinale rend hommage à des personnalités qui ont apporté une contribution essentielle à l'histoire du cinéma. Cette année, c'est Agnès Varda (née à Ixelles il y a 90 ans!) qui se voit ainsi offrir une « Caméra d'honneur ». Avec Varda par Agnès, une sorte d'autoportrait filmé de 115 minutes qu'elle vient de nous présenter, la réalisatrice de Cléo de 5 à 7 retrace ses 60 ans de création avec humour et tendresse et nous rappelle que le cinéma c'est d'abord un regard.
À l'heure des méga-budgets hollywoodiens, la liberté de l'artiste compte davantage que les millions de dollars.
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