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Berlinale: billet d'ouverture

Rédaction Eventail

12 February 2016

Dix festivals réunis en un seul : c'est ainsi qu'un ami et collègue anglais définissait cette 66e Berlinale qui vient de commencer. Pour moi qui rends compte de la manifestation depuis trois décennies, j'avoue que je reste quelque peu éberlué par son développement apparemment inarrêtable. C'est ainsi – pour ne citer qu'un exemple assurément pittoresque - que depuis quelques année le grand patron du festival Dieter Kosslick a imaginé une nouvelle section intitulée « cinéma culinaire ». Des films célébrant l'art de la table sont projetés quotidiennement, et chaque soir un grand chef réinvente dans un bâtiment voisin les recettes qu'on a pu admirer sur grand écran (il suffit de s'inscrire pour participer à cette fiesta gustative). Au total, pour cette 66e édition, plus de 200 films inédits vont être projetés jusqu'au 21 février. Un bonne vingtaine de longs métrages sont présentés dans la compétition, qui se termine par l'attribution des traditionnels Ours d'or et d'argent. Habile diplomate, Kosslick a réussi à séduire Meryl Streep pour qu'elle préside le jury 2016. Mais en fait, comme je l'ai souvent vérifié, c'est dans les sections parallèles (non compétitives) que l'on a le plus de chances de faire de véritables découvertes. Cette fois encore, je ne manquerai donc pas de fréquenter assidûment le Panorama et le Forum du jeune cinéma pour y détecter les talents de demain ou les tendances les plus novatrices.

La Berlinale avait choisi comme film d'ouverture Ave, Caesar! de Joel et Ethan Coen, un grand spectacle où les deux frères évoquent l'âge d'or du cinéma hollywoodien à travers la figure d'un producteur à la réputation sulfureuse, plus ou moins inspiré d'un personnage réel, Eddie Mannix. Décédé en 1963, Mannix passait pour avoir des liens avec la mafia et était connu dans le milieu du cinéma comme un « fixer », c'est-à-dire quelqu'un qui se chargeait pour le studio d'étouffer des scandales impliquant des vedettes telles que Spencer Tracy ou Clark Gable.

Pour la grande première à la Berlinale, plusieurs interprètes de l'oeuvre (George Clooney, Scarlett Johansson) avaient fait le déplacement, de sorte que la soirée est inévitablement devenue un de ces événements médiatiques dont on raffole dans la capitale de la République fédérale, avec la présence d'innombrables Prominenten comme on dit ici...Notez déjà que Ave, Caesar! va sortir très prochainement dans nos salles.

 

Je gage qu'un des films les plus controversés de la Berlinale (on parle déjà en se pourléchant les babines d'une belle bagarre entre les « pour » et les « contre ») sera A Lullaby to the sorrowful mystery de Lav Diaz, présenté la semaine prochaine en compétition. Ce réalisateur philippin est devenu en moins d'un an le chouchou d'une certaine critique (surtout parisienne). Lav Diaz était déjà célèbre pour la longueur de ses œuvres, mais ici il a frappé fort : son Lullaby, qui évoque l'histoire agitée des Philippines, ne dure pas moins de huit heures (avec une pause miséricordieuse pour les besoins naturels). Personnellement, je tiens les élucubrations du gaillard (car j'ai vu certains de ses opus précédents) pour des monuments d'ennui et de prétention. Mais rien ne dit qu'il ne sortira pas de la Berlinale 2016 avec la réputation d'un génie jusqu'ici méconnu...

En tout cas, ce 66e festival se signale une fois de plus par une innovation. Dieter Kosslick a décidé que, dans la mesure où les films sont le reflet du monde, il n'était pas possible d'ignorer un problème qui fait aujourd'hui controverse en Allemagne. La Berlinale va donc accueillir un certain nombre de réfugiés et demandeurs d'asile, qui seront amenés dans les salles de projection avec le soutien et l'accompagnement de sympathisants. Je vois mal une montée des marches à Cannes où des migrants émaciés côtoieraient Leonardo Di Caprio ou Marion Cotillard, mais sait-on jamais.

P.S. Pour des raisons personnelles, cette chronique va s'arrêter quelques jours et reprendra dès le début de la semaine prochaine.

 

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