• HLCÉ

Deux mères, une fille

Corinne Le Brun

22 August 2018

© Vivo Film

L'histoire se déroule dans les paysages de Sardaigne, loin des plages touristiques. Vittoria (Sara Casu), mignonne petite rousse de 10 ans, vit avec sa mère Tina (Valeria Golino) et son père, effacé (Michele Carboni). Un jour, dans une fête, Vittoria rencontre une femme exubérante qui la subjugue.

Provocante, les cheveux blonds hirsutes, Angelica (Alba Rohrwacher1) est à l'opposé de la tendre et stricte Tina. Les deux femmes semblent se connaître. Angelica, qui est dans une situation matérielle catastrophique, demande à Tina de venir lui rendre visite dans sa ferme. Vittoria découvre, en même temps que le spectateur, qu'un secret se cache derrière sa naissance. Une question traverse tout le film : au fond, c'est quoi être une bonne mère ? Valeria Golino et Alba Rohrwacher sont formidables, la réalisation de Laura Bispuri est efficace, en dépit de quelques longueurs. Rencontre avec la réalisatrice.

Eventail.be - Après Vergine Giurata (Vierge sous serment, 2015), centré sur les femmes, vous vous intéressez dans Figlia Mia à d'autres femmes, les mères. Une expérience personnelle vous a-t-elle motivée à traiter de ce sujet ?
Laura Bispuri - Il y a des années, une fille m'a dit qu'elle avait une mère mais qu'elle ressentait le désir d'être adoptée par une autre mère. Cette histoire m'a beaucoup frappée. A partir de ce moment, j'ai ressenti le désir d'étudier ce grand thème de la maternité et en même temps je suis devenue mère. Je voulais approfondir cette relation forte et la raconter dans ses replis les plus intimes et avec vérité.

- Le lien entre la mère et la fille est le centre de votre film. Finalement, Vittoria, aimée par Tina, se tourne vers Angelica. Le lien biologique ne s'efface jamais ?
- Pour moi, dans le film, les deux mères sont au même niveau. Les deux ont le droit de se sentir mères de Vittoria, et Vittoria considère les deux comme sa mère. Elle découvre qu'elle appartient à Tina et Angelica, deux parties qui cohabitent en elle. Le lien « biologique » de Tina ne disparaît jamais et celui, « culturel », d'Angelica non plus.

© Vivo Film 

- La figure maternelle est présente dans le cinéma italien. Quelles sont vos références en la matière ? En quoi vous ont-elles influencée dans Figlia mia ?
- Dans le cinéma italien, on pense sans aucun doute au chef-d'œuvre  Bellissima de Luchino Visconti (1951), et sûrement aussi à Mamma Roma de Pier Paolo Pasolini (1962). Ce dernier représente la relation entre une mère et son fils, mais son sentiment était une référence importante dans mon film.

© Vivo Film 

- Le rôle des hommes est accessoire. Pourquoi ce choix?
- C'est un film sur la maternité et il y a déjà trois protagonistes, avec trois points de vue, ce qui a déjà été très compliqué. Je ne pouvais et ne voulais pas avoir d'autres personnages principaux. Malgré cela, je crois que le personnage masculin du père est un très beau rôle et représente un élément masculin peu dit au cinéma. C'est un homme gentil et bon qui n'a rien à voir avec le machisme et la force.

© Vivo Film 

- Vous avez tourné dans un petit village en Sardaigne, entre traditions et modernité. Quelle importance peut avoir l'environnement dans une famille ?
- Je suis très attachée aux endroits du film qui racontent un monde où les personnages bougent et vivent. Ce monde les influence toujours beaucoup. Dans le cas de Figlia mia, par exemple, l'adoption illégale de Vittoria et le pacte qui lie Angelica et Tina pendant tant d'années sont très probablement plus vraisemblables dans un endroit comme ce village où les récits de vie se règlent un peu tout seuls plutôt qu'avec l'État.

- Comment avez-vous choisi Sara Casu pour le personnage de Vittoria ? Comment s'est passé le tournage avec l'enfant ?
- Sara a été choisie après un travail de recherche qui a duré environ huit mois. Je cherchais moi-même la fille dans de nombreuses écoles en Sardaigne. Je suis allé dans les classes, j'ai regardé, j'ai rencontré, je n'ai pas pu la trouver. Puis Sara est enfin arrivée et sa voix, sa présence et son émotivité m'ont vraiment impressionnée. Sur le plateau, Sara était une véritable révélation, car elle est un vrai talent.

: Alba est la sœur de la réalisatrice italienne Alice Rohrwacher qui a remporté le Prix du Scénario au Festival de Cannes pour Felice (sortie le 7 novembre 2018).

Figlia mia (Ma fille)
de Laura Bispuri
Avec Valeria Golino, Alba Rohrwacher, Sara Casu
En salles

Ensor, rêves fantasques. Au-delà de l’impressionnisme

Foires & Expositions

L’année Ensor 2024 ne serait pas complète sans une exposition au KMSKA. “Ensor. Rêves fantasques. Au-delà de l’impressionnisme” offre un panorama complet de James Ensor en tant qu’artiste pionnier. Y sont montrés ses chefs-d’œuvre provenant du monde entier avec ceux des artistes internationaux à qui il voulait se mesurer. Car Ensor a toujours voulu être avant tout le meilleur, même si ses concurrents s’appellent Edouard Manet ou Edvard Munch.

L'art au sommet : Léo Caillard

Arts & Culture

Associer art et montagne en créant un musée à ciel ouvert, tel est l’objectif de L’Art au sommet.

France, Courchevel

Du 05/12/2024 au 30/04/2025

Publicité

Paloma Sermon-Daï : « J’avais envie de faire un film lumineux »

Cinéma

Avec “Il pleut dans la maison”, Paloma Sermon-Daï signe un premier long métrage de fiction. Avec une narration douce et âpre sur le passage de l’adolescence à l’âge adulte, la cinéaste belge raconte le quotidien d’une fratrie, entre tendresse et survie. “Il pleut dans la maison” a remporté le Prix French Touch du Jury (Semaine Internationale de la Critique 2023). Rencontre avec Paloma Sermon-Daï.

Tous les articles

Publicité

Tous les articles