Rédaction
15 February 2017
Eventail.be - Edouard Baer, vous aimez Paris la nuit ?
Edouard Baer - Je filme un Paris la nuit que je connais, ni très branché, ni sordide. On peut se balader, passer d'un univers à l'autre, rencontrer des visages qu'on ne verrait sans doute pas le jour. C'est ce mélange d'ambiances que j'avais envie de montrer au cinéma. Tout le monde est le bienvenu dans le milieu des saltimbanques, la star croise le machino, la secrétaire le figurant. Pendant un moment, on est tous ensemble. J'aime la douce folie autour gens du spectacle comme un Vittorio Gassmann fantasque ou un Benoît Poelvoorde excentrique. On est entre voisins joyeux, avec des gens généreux. C'est le portrait d'une ville et de personnages.
© Pascal Chantier |
- Vous incarnez Luigi, le directeur de théâtre affolé et affolant, qui pourrait être votre alter ego ?
- Luigi est un personnage qui soutient les autres, il n'est pas cynique. Il est bavard. Le verbe c'est son arme, sa manière d'enchanter le réel et d'habiter le vide. Quand Luigi perd pied, le film est plus silencieux. Quand il est confronté à des enfants, Luigi est désarçonné, désarmé. C'est intéressant de confronter les personnages à ce qu'ils veulent éviter. C'est un sujet de comédie formidable. Cela m'amusait de jouer le rôle de Luigi. Enfant, j'ai adoré Belmondo dans «L'incorrigible» et «Le magnifique», les pitreries de Groucho Marx m'amusaient beaucoup. Ce sont des personnages amusants, loufoques, pressés, flamboyants qui envoient de la poudre aux yeux. On pousse un peu les qualités et les défauts.
© Pascal Chantier |
- La vie à Paris a-t-elle changé depuis les attentats ?
- Tout a commencé le 11 septembre 2001 à New York. La terreur est arrivée chez nous. Il y a eu tellement d'attentats. Cela ne nous empêche pas de tourner des films, de jouer la comédie. Nous voulons vivre sans culpabilité, être heureux, être vivants. Faire en sorte que ce ne soit pas arrogant de s'amuser. Les journalistes sont là pour nous rappeler qu'on est entre deux bombes et trois guerres mais nous notre métier est de ne pas en tenir compte. J'ai une vie normale, je prends le RER, je me balade, je conduis mes enfants à l'école. « Ouvert la nuit » n'est pas un film manifeste mais je crois qu'il faut sortir de chez soi. La vie humaine c'est se croiser en vrai.
© Pascal Chantier |
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