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Corinne Le Brun
24 May 2022
Le Festival de Cannes se réanime sous une pluie de stars. Changement de décor. Une banderole avec les prénoms des 129 victimes de féminicides en France s’affichait sur les marches du Palais, avant la projection de Riposte féministe, le documentaire de Marie Pérennes et Simon Pardon. Engagement politique et Festival ne sont jamais bien loin.
Ils sont beaux, ils sont jeunes. Et ils le savent. Carl ( Harris Dickinson) et Yaya (Charlbi Dean) sont mannequins. Ils ont tout pour être heureux. Argent et notoriété sur Instagram. Pourtant, le couple millénnial se dispute pour rien et, surtout, pour l‘addition salée à payer. The Triangle of Sadness (Sans filtre) de Ruben Östlund se rue sur le refus de Carl de céder aux stéréotypes de genre. Une dispute d’anthologie qui présage une suite sulfureuse. Le deuxième acte se déroule sur un yacht de luxe. La croisière ne s’amuse pas du tout. Les milliardaires à bord en prennent pour leur grade et leurs crasses. Un orage fait chavirer le yacht. Les convives, détestables, ont le mal de mer. Ils vomissent. L’alcool coule à flot. Le capitaine marxiste alcoolique se met à citer Lénine. Le richissime oligarque russe promet de racheter le yacht. Huit survivants échouent sur une île déserte. Quelques milliardaires, les deux mannequins influenceurs et une gardienne de toilettes se doivent de vivre ensemble. Les rôles s’inversent. La femme de ménage devient le capitaine des rescapés. Ruben Östlund va décider de faire payer tout ce beau monde. Il ne va pas le faire pas à moitié. Ce qu’il va nous dire, on le sait déjà. Cinq ans après la palme d’or The Square, le réalisateur suédois peut-il prétendre à un deuxième trophée ?
L'équipe du film "Sans Filtre" © Cyril Moreau/Bestimage Celebrities at the photocall of "Triangle of Sadness (Sans filtre)" during the 75th International Cannes Film Festival on may 22 2022. ! only BELGIUM !
Cristian Mungiu se déplace rarement pour rien. Une palme d’or en 2007, un prix du scénario en 2012, un prix de la mise en scène en 2016… Le réalisateur roumain affole les jurés. Son dernier film, R.M.N. (IRM en français), est présenté en compétition officielle. Une œuvre toujours aussi puissante qui raconte quelque chose de la nature humaine dans un village de Transylvanie. Quelques jours avant Noël, après avoir quitté un emploi en Allemagne, Matthias retourne dans son village pluriethnique. Il sait son père gravement malade. Lorsque trois ouvriers sri-lankais sont recrutés dans l’usine, la paix dans le village vole en éclats. Les conflits atteignent leur paroxysme sur fond de racisme et de paupérisation. Autour du village, la forêt profonde, réconfortante et menaçante que Mungiu filme avec maestria. Une fable féroce et humaniste. On lui souhaite une Palme d’or.
Vicky Krieps revient à la Croisette. L’actrice luxembourgeoise est présente dans deux films, dans la catégorie Un certain regard. Elle se jette à corps perdu dans le personnage de Sissi, immortalisé il y a cinquante ans par l’inoubliable Romy Schneider. Avec Corsage, Marie Kreutzer offre un portrait d’Elisabeth de Wittelsbach radicalement différent. Contrairement au célèbre biopic élogieux, la réalisatrice autrichienne donne à voir une face obscure de la souveraine. « Tu me trouves belle ? » s’inquiète-t-elle auprès de son époux l’empereur François Joseph 1er. À quarante ans, la peur de vieillir fait souffrir. La folie la guette. Prisonnière des conventions, Elisabeth cherche à s’émanciper. Elle parvient à échapper aux codes du protocole et du patriarcat, quitte à faire jouer son rôle d’impératrice par une autre… De petits anachronismes indiquent qu’une Sissi moderne est née, universelle, obsédée par le culte de la minceur. Un sujet vibrant d’actualité dans un film somptueux.
Vicky Krieps, dans « Corsage », de Marie Kreuzer. © Felix Vratny / Ad Vitam
On retrouve Vicky Krieps dans le rôle d’Hélène, une jeune femme de 33 ans heureuse avec son compagnon Matthieu (Gaspard Ulliel). Sa vie bascule le jour où elle apprend qu’elle est atteinte d’une maladie pulmonaire rare. Grâce à un blog, elle découvre la Norvège, et décide de suivre son instinct. Trouvera-t-elle un nouveau chemin ? Gaspard Ulliel illumine Plus que jamais l’écran. La cinéaste franco-allemande Emily Atef a présenté Plus que jamais, un film qui restera comme la dernière apparition de l’acteur tragiquement décédé en janvier à l’âge de 37 ans.
75 printemps cela se fête ! Tout le gratin du 7e Art s’est retrouvé pour la célébration française et internationale du cinéma, avec son iconique tapis rouge et sa montée des marches. Le Festival est revenu cette année à ses dates traditionnelles au mois de mai, après une annulation en 2020 et une organisation en juillet l’an dernier – même si, à l’origine, le Festival se déroulait au mois de septembre. Quel avenir pour le cinéma ? La question est posée et débattue pendant un grand colloque Depuis la réouverture des salles, les spectateurs ont perdu l’habitude d’aller au cinéma. Deux années de confinement et d’utilisation intensive des plateformes de streaming vidéo ont durablement changé les habitudes. À Cannes, les salles sont pleines à craquer. Un signe de bon augure ?
Le meilleur pour la fin ? Les frères Dardenne, habitués aux récompenses cannoises, sont très attendus avec leur nouvel opus Tori et Lokita dont on dit déjà le plus grand bien. Demain, Close de Lukas Dhont, en compétition officielle, suscite tous les espoirs d’une ovation. Qui succèdera à Titane parmi les 21 films de la compétition officielle ? Verdict ce samedi
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