Marcel Croës
26 April 2022
Qui aurait pu imaginer que cette personne aux allures rassurantes de chercheuse en mathématiques fractales allait nous livrer un brûlot pareil ? En 140 minutes, le récit situé en grande partie dans un appartement chaotique nous donne à voir la relation paroxystique entre une mère et sa fille de 20 ans qui se vouent une haine inextinguible. L’exécration réciproque ne connaît ici aucune limite. Non contente d’injurier sa progéniture, la mère la roue de coups et tente même de l’écraser en voiture sur un parking. Quant à la jeune Yi-jung, son unique obsession est d’humilier et de renier cette femme hystérique qui lui a donné le jour.
On reste ébahi devant un tel déchaînement de rage, qui évoque presque la folie meurtrière des Atrides dans la tragédie grecque. Mais à mesure que l’histoire progresse, le scénario fort habile concocté par Kim Se-in nous révèle aussi l’égoïsme et la méchanceté de la fille, qui n’apparaît plus du tout comme une victime sacrificielle.
© DR
Tout cela pourrait relever de la surenchère gratuite, si l’interprétation formidable des deux comédiennes ne rendait vraisemblables les deux personnages, leur donnant même dans la dernière séquence une sorte d’humanité.
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Le film est-il pour autant une réussite totale ? Il gagnerait à mon avis à être un peu élagué. Je lui trouve les vertus d’un diamant imparfaitement taillé. Mais on a rarement vu une première œuvre qui a nous administre ainsi un coup de poing dans le plexus solaire. Comment va évoluer le talent de Kim Se-in ? Si j’étais producteur, je mettrais cette artiste née au Pays du Matin Calme en tête de mon carnet d’adresses.
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