Rédaction
29 September 2015
Contrairement à certaines émissions d'Arte (et à certaines œuvres d'art contemporain !), dans Les Mondes Inversés du BPS22, avec un minimum d'explications, on comprend les créations. Il faut dire que la quarantaine d'artistes se sont inspirés des cultures populaires pour nous proposer des utopies ou des doubles lectures mais surtout nous poser des questions.
C'est Joe Scanlan qui donne le ton général de l'exposition en reprenant les écrits d'Edward Saïd. Il les transforme pour questionner les relations entre l'art et la culture populaire. Avec leurs photos, Jeremy Deller et Alan Kane mettent en avant la créativité souvent niée (pourquoi ?) du folklore anglais (tuning, calicots,...). Au fil du parcours, on découvre Le carrousel de Carsten Höller, il paraît presque inquiétant.
Vue de l'exposition, Les Mondes Inversés dans la Grande Halle du BPS22. Au premier plan, on plonge à la tablée imaginée par Yinka Shonibare Mbe, Scramble for Africa ou pourquoi aucun pays africain n'a été invité à la Conférence de Berlin? Au second plan, on aperçoit l'értrange carousel de Carsten Holler © Leslie Artamonow |
Et si les pays africains avaient été invités aux discussions de Berlin (qui se tint 15 novembre 1884 au 26 février 1885 et qui ammorça les luttes coloniales) où 14 pays occidentaux (symbolisés par 14 mannequins sans tête et aux vêtements en wax) qui se sont partagés l'Afrique ? C'est ce que demande Yinka Shonibare Mbe dans Scrambling for Africa. Avec Home sweet home, Tayou se demande si avoir son chez soi, ce n'est pas une prison. Et puis, les lampions d'Opening Night et ses visages sombres, on pense à la fête mais également à l'histoire tourmenté de l'Espagne (pays d'origine de l'artiste Carlos Aires). Eric van Hove a reproduit un moteur d'un bulldozer Caterpillar en utilisant plus de quarante matériaux différents et, se faisant, déplaçant la production artistique dans le champ artistique. Enfin, le célèbre Cloaca de Wim Delvoye élève le système digestif humain au rang d'art.
Toutes ces créations trouvent leur place dans les plus de 2500 m2 du nouveau BPS22 sublimé par les architectes Filip et Ann-Véronike Roland. Ils souhaitaient ajouter des outils supplémentaires, comme des aubettes mobiles appelées aubillettes pouvant servir de billetterie, vestiaire ou barrer l'accès si besoin, au bâtiment classé pour fonctionner de manière plus souple et ainsi donner un outil pour que l'art puisse se montrer. Et c'est réussi. Une rampe conduit à l'entrée décalée tandis que le grand hall continue de permettre les grandes installations et que l'ancienne salle de gym est devenue une white box, la salle Pierre Dupont. Une pièce de ce type, à la luminosité réglable et l'hygrométrie constante, manquait à l'espace. Deux expériences de l'art peuvent ainsi être proposées : la première en lien avec l'histoire du site et du bâtiment ; l'autre, plus aseptique et atemporelle. Avec ces percées « actives » comme les appellent les architectes (balcons, auvent, rampe ou annexe suspendue) qui suppriment la dualité intérieure/extérieure, le musée est ouvert vers la place, la ville, le terril du Mambourg et l'hôpital Marie Curie.
Le BPS22 « nouveau » se présente donc comme un véritable lieu de rencontres où la médiation a une grande place et où le volet pédagogique est fort développé.
Les Mondes Inversés, art contemporain et cultures populairesPublicité