Stéphanie Dulout
02 April 2022
Magie de la lumière, magie des “paysages de silence” – forêts enneigées, lacs gelés, nuits blanches… c’est, en effet, une véritable “sacralisation de la nature” qu’Albert Edelfelt et Akseli Gallen-Kallela mettent en œuvre dans leurs grandes compositions superposant le ciel aux immenses étendues d’eau ourlées de frondaisons du pays des mille lacs. Malgré leur parcours différent (de l’académisme à un étrange syncrétisme pour le premier, du naturalisme au symbolisme pour le second), malgré la veine naturaliste de leurs scènes de genre donnant à voir les beaux visages et la puissance tout intériorisée de la paysannerie finlandaise, c’est dans ces grandes partitions chromatiques qu’ils se rapprochent et que l’on sent vibrer l’âme finnoise.
Akseli Gallen-Kallela (1865-1931), Lac Keitele, 1905, huile sur toile , 53 x 66 cm © The National Gallery, London 2021
Avant de se consacrer à ce “chant de la terre natale”, Edelfelt connaît, à Paris, entre 1874 et 1889, une brillante carrière de portraitiste et de peintre de Salon. Formé à la peinture d’histoire, il découvre bientôt une autre voie, celle du pleinairisme, prônant l’étude de la lumière et l’observation de la nature in situ. Loué pour la limpidité de sa lumière et sa virtuosité dans le traitement des couleurs, notamment des blancs, son art ira s’épurant, à mesure de son retour aux sources, jusqu’à atteindre, dans ses dernières vues lacustres, un synthétisme et une atmosphère quasi mystique annonçant le lyrisme inspiré et dépouillé de Gallen-Kallela.
Albert Edelfelt, Vue sur Haikko, 1899, huile sur toile Helsinki, © Finnish National Gallery : Hannu Pakarinen
Formé, lui aussi, en partie, à Paris, ayant, lui aussi, commis quelques scènes de la vie moderne (mais point de portraits mondains), Gallen-Kallela se retranchera dans sa maison-atelier du bout du monde, aux abords du lac de Ruovesi, après avoir parcouru la Carélie et la Laponie en quête des légendes du Kalevala. Après s’être attelé à la transcription de cette odyssée “par-delà les abîmes de la mort”, il versera dans l’ésotérisme et le symbolisme cosmique avant de se consacrer aux paysages sauvages et immaculés de sa terre natale.
En couverture : Akseli Gallen-Kallela (1865-1931), Nuit de printemps, 1914, huile sur toile, 115,5 x 115,6 cm, © Jouko Vatanen, Helsinki
Albert Edelfelt - Lumières de Finlande
Jusqu’au 10.07
Petit Palais
Avenue Winston-Churchill
75008 Paris, France
www.petitpalais.paris.fr
Gallen-Kallela – Mythes et nature
Jusqu’au 25.07
Musée Jacquemart-André
158 boulevard Haussmann
75008 Paris, France
www.musee-jacquemart-andre.com
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