Rédaction
06 May 2022
L’Éventail – C’est en 2012 qu’Artcurial a décidé d’ouvrir son premier bureau de représentation, et son choix s’est porté sur Bruxelles. Pourquoi et comment avez-vous débuté cette aventure en Belgique ?
Vinciane de Traux – Artcurial n’existait que depuis dix ans en 2012, mais connaissait déjà une forte croissance, d’où son souhait de s’étendre au-delà des frontières françaises. Le choix s’est très vite et spontanément porté sur la Belgique pour les avantages liés la langue et à la proximité, mais aussi pour la grande concentration de collectionneurs et amateurs d’art qui caractérisent le pays. Forte de quinze ans d’expérience auprès de Sotheby’s à Londres, puis à Bruxelles, l’idée de rejoindre une salle de vente en pleine expansion et de développer pour elle un bureau où tout était à construire, m’a fort plu ; j’ai saisi l’occasion à deux mains. C’est dans une belle maison de maître, au centre de la capitale, que nous avons installé le bureau d’Artcurial Benelux qui se veut comme un relais, un point de rencontre et d’exposition en lien avec la maison-mère parisienne.
– Quels ont été les points fort d’Artcurial Bruxelles depuis son ouverture en 2012, et comment la maison a-t-elle vécu ces deux dernières années pour le moins inhabituelles ?
– Dès l’ouverture à Bruxelles en 2012, notre carnet d’adresses s’est rapidement étoffé. Nous avons eu l’occasion d’organiser de nombreuses expositions et vernissages pendant lesquels nos clients ont pu apprendre, échanger avec les experts, et ce, même en présence des membres les plus jeunes de la famille grâce aux fameux “goûters d’enfants”. Le pari de faire de ce bureau bruxellois un lieu de relais et de rencontre a vite été gagné ! Artcurial s’est très vite hissé au top 3 des plus grandes maisons à Paris et demeure aujourd’hui la première maison française de vente aux enchères. En 2021, nous avons totalisé 169 millions d’euros, ce qui correspond à une progression de 13 %, alors même que nos ventes majeures dédiées aux voitures de collection à Rétromobile et au Mans Classic n’ont pas pu avoir lieu en raison de la crise sanitaire. Les moteurs de cette progression ont été nos départements moderne et contemporain, l’art urbain, l’art africain contemporain, les ventes de joaillerie et de montres de collection (qui connaissent un engouement sans précédent), ainsi que la bande dessinée. Ces départements d’art ont continué d’afficher des résultats forts ces deux dernières années, même en pleine pandémie. Le dessin d’Hergé à l’encre de Chine et aquarelle de 1936, qui devait servir pour la couverture de l’album Le Lotus Bleu, en est une belle illustration. L’œuvre, adjugée à 3,2 millions d’euros en janvier 2021, constitue un record du monde. Plus récemment, nous avons battu un autre record avec la vente d’un chef-d’œuvre inédit de la nature morte par Jean Siméon Chardin, qui s’est envolé pour 24,3 millions d’euros le 23 mars dernier. Ceci témoigne de la pluridisciplinarité d’Artcurial et de sa capacité à tendre des ponts entre le classique et l’art du XXe siècle.
– Comment voyez-vous la suite de l’année ?
– Nous nous situons actuellement dans un marché en pleine mutation. Le profil des collectionneurs change aussi : la nouvelle génération est très curieuse et tournée vers l’avenir. Ce sont des années et des moments passionnants. L’éclectisme du goût des collectionneurs belges se reflète dans des ventes dites “curatées“, plus sélectives ou thématiques au sein desquelles une pièce d’archéologie peut côtoyer une œuvre contemporaine ou encore une pièce d’art classique. Nous allons renforcer le bureau bruxellois tandis que des projets d’ouverture d’autres bureaux de représentation hors France se dessinent. Bref, de beaux jours s’annoncent encore pour nous !
En couverture : Jean-Siméon Chardin (1699-1779), Le Panier de fraises des bois, huile sur toile, signée “Chardin” en bas à gauche, vendue 24 381 400 euros frais inclus, record absolu pour une oeuvre de l’artiste. © DR
Adresse
Artcurial Bruxelles
Avenue Franklin Roosevelt 5
1050 Bruxelles, Belgique
Téléphone
+32 2 644 98 44
Publicité