Bertrand Leleu
04 November 2024
© Horta
Wifredo Lam (1902-1982)
L’Oiseau – The Bride, 1950, huile sur toile
Vente 9 septembre, Horta, Bruxelles
Adepte d’une interprétation géométrique de thèmes primitifs, le peintre cubain Wifredo Lam livrait ici une image de l’eyele (pigeon) yoruba. En effet, dans cette ethnie d’Afrique de l’Ouest, la femme, toute puissante, est celle qui détient “le pouvoir de l’oiseau”. L’être hybride représenté sur cette toile fait marie donc les différentes influences du peintre, mêlant un cubisme occidental à un sujet africain pour donner à l’ensemble une teinte cubaine ou, plus largement, caribéenne. Né en 1902 d’un père chinois et d’une mère afro-hispanique, le peintre a vécu de nombreuses années en Europe, avant de revenir vers sa terre natale. Ses diverses rencontres, notamment son amitié avec Picasso, influenceront fortement son œuvre. La mythologie afro-cubaine l’enrichira tout particulièrement à partir des années 1940.
© Aguttes
Adrien-Jean Le Mayeur de Merprès (1880-1958)
Deux femmes dans un intérieur, huile sur toile
Vente du 10 septembre, Aguttes, Neuilly-sur-Seine
C’est à l’exposition de La Libre Esthétique, en 1906, que le jeune peintre Adrien-Jean Le Mayeur de Merprès présente son travail pour la première fois. Exposé aux côtés d’artistes à la notoriété déjà établie, tels qu’Aristide Maillol ou Henri Matisse, le Bruxellois profite de cette expérience pour se faire remarquer et devient, quelques années plus tard, le peintre et photographe officiel de l’armée belge durant la Première Guerre mondiale. Ce statut lui donnera le goût du voyage. Après de nombreuses années à parcourir le monde, il décide de s’installer à Bali, où il rencontre son épouse, Ni Wayan Pollok Tjoeglik. L’œuvre de l’artiste fait l’objet de nombreuses expositions et est très appréciée, à tel point que le ministre de la Culture indonésien proposera au couple, en 1956, de transformer leur résidence en musée !
© Goldfield
Demeter Chiparus (1886-1947)
Les Amis de toujours, vers 1925, sculpture en bronze et ivoire
Vente du 21 septembre, Goldfield, Weiswampach (Luxembourg)
Si chacun connaît les danseuses affriolantes en bronze chryséléphantine de Chiparus, le sculpteur a également réalisé des sujets plus conventionnels, comme cette sculpture touchante, symbolisant l’amitié. L’artiste roumain, arrivé à Paris en 1912, a connu les affres de la Première Guerre mondiale avant de vivre les Années folles. Durant cette seconde période, Chiparus saisit l’air du temps à travers ses sujets de music-hall, directement importés des États-Unis. L’ambiance dans la capitale française est à la fête et à la légèreté pendant que le reste du pays se remet lentement du conflit. Ses sculptures connaîtront un vif succès commercial à l’international, même si la critique de l’époque le dédaignait. À partir de la Seconde Guerre mondiale, ses fameuses œuvres en bronze et ivoire feront l’objet d’un désintérêt total. Elles ne seront à nouveau recherchées qu’à partir des années 1980.
© Dorotheum
Zaha Hadid (1950-2016), édité par Sawaya & Moroni
Acrylic Bowl, 2007, résine acrylique
Vente du 23 septembre, Dorotheum, Vienne
Salué par la critique internationale et ayant fait l’objet de nombreuses expositions dans les plus grands musées du monde, le travail de Zaha Hadid continue de séduire par son style reconnaissable. Ses recherches en tant qu’architecte et paysagiste l’ont poussée à créer des bâtiments, mais aussi des objets et des meubles aux formes dynamiques, voire biomorphes. L’emploi de lignes courbes et droites, de matériaux innovants et de couleurs douces caractérise ses créations. Britannique d’origine irakienne, Zaha Hadid restera la première femme architecte à recevoir le prestigieux prix Pritzker en 2004. Cette coupe, fabriquée par l’éditeur italien Sawaya & Moroni, offre la quintessence du style Hadid. Coulé, sculpté, puis poli à la main, ce récipient azuréen a été réalisé à seulement douze exemplaires.
© De Baecque & Associés
Établissements Gallé
Lampe au décor de rhododendrons, verre multicouche
Vente du 24 septembre, De Baecque & Associés, Lyon
Si le fondateur Émile Gallé, véritable génie de l’art verrier et mobilier, décède en 1904, son épouse et son gendre feront briller l’entreprise lorraine jusqu’au milieu des années 1930. Tout en gardant l’ADN de la maison et le style du maître, les établissements Gallé sauront adapter leur savoir-faire au nouveau goût du jour, plus sobre dans ses formes et plus exotique dans ses décors, à l’image du célèbre vase Au pas des éléphants ou de cette lampe Rhododendrons. Les nouvelles techniques, notamment celle du verre moulé pressé initiée par René Lalique, permettent de créer des décors soufflés qui diffusent une lumière douce et jouent des contrastes entre les différentes teintes. Parfois moins valorisées que les œuvres réalisées par le maître lui-même, les créations des années 1920 connaissent un véritable engouement de la part des collectionneurs, notamment grâce à leur technique exceptionnelle.
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