Rédaction
03 August 2017
Né en 1901, le maître suisse entretenait des liens solides avec la France. À Paris, il parie successivement sur le cubisme et le surréalisme. Il faut attendre la fin de la Seconde Guerre Mondiale pour qu'il se forge enfin sa marque de fabrique, des silhouettes longilignes. Le parcours londonien a le mérite de confronter des pièces 100% inédites et des chefs-d'œuvre habituellement dispersés aux quatre coins du monde.
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Il ne s'agissait pas pour France Morris et Catherine Grenier, les commissaires de l'exposition, d'aligner des bronzes filiformes de Giacometti, mais de dévoiler ses talents de peintre-dessinateur et de plasticien. C'est pourquoi la première salle rassemble une série de têtes de tailles et de matériaux différents, y compris un portrait de Simone de Beauvoir, reconnaissable à son chignon, que l'artiste rencontra avec Jean-Paul Sartre, en 1936. Amitié méconnue mais de toute évidence marquée et marquante. Dans une vitrine, plus loin, reposent des ouvrages annotés, pour ne pas dire tagués par le jeune Alberto, qui aimait copier les divinités égyptiennes. Autre surprise : ses Femmes de Venise se voient pour la première fois réunies, depuis 1956. Cet ensemble monumental témoigne de la fascination insoupçonnée de Giacometti pour le plâtre et l'argile, qu'il aimait gratter en profondeur.
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En 1941, le maître quitte Paris pour Genève. La fin de la guerre scelle son retour en France, et sa rupture avec l'abstraction. Exit les faces aplaties et déstructurées ! Sa figuration se fait d'abord toute petite. « En travaillant d'après nature, je suis arrivé à faire des sculptures minuscules : trois centimètres Je commençais grand et je finissais minuscule. Seul le minuscule me paraissait ressemblant. J'ai compris plus tard : on ne voit une personne dans son ensemble que lorsqu'elle s'éloigne et devient minuscule. » Les modèles de Giacometti finissent par s'allonger, progressivement. Parmi les incontournables, que les musées s'arrachent au moins une fois par an, on retrouve L'Homme qui pointe (1947), L'Homme qui tombe (1950), La Main (1947) et, bien sûr, L'Homme qui marche (1960).
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S'il était une sculpture à retenir ? Le Nez (1947), que France Morris et Catherine Grenier ont choisi de mettre en avant. Un plâtre ! Il date d'une époque où Giacometti tenta brièvement de renouer avec le surréalisme. La proéminence et la finesse de son profil rappellent respectivement la passion de l'artiste pour l'Égypte et ses travaux de maturité. S'il exclut Cyrano, The Nose (titre anglais) s'impose donc comme la pièce maîtresse, l'œuvre manifeste de la Tate.
Jusqu'au 10 septembre
* : Cette visite s'inscrit dans le programme culturel "2 FOR 1" d'Eurostar, qui offre aux voyageurs ferroviaires deux entrées d'exposition pour le prix d'une. Parmi les partenaires concernés, la Tate Britain, la National Gallery, et la Royal Academy of Arts.
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