Maxime Delcourt
23 March 2018
On ne parle pas assez de rap ici, et c'est erreur. Surtout quand on sait que la scène belge est actuellement florissante (Damso, Roméo Elvis, Caballero & JeanJass), célébrée à travers les frontières (en France, en Suisse) et pleine d'inventivité. Swing, membre du collectif L'Or Du Commun, le prouve avec brio sur son premier album solo, Marabout, sorti fin janvier. Comment ? En ne singeant pas les codes de ses contemporains, en amenant une énergie pop sur plusieurs de ses morceaux et en balançant sur le web un premier single (« Cercle ») aussi efficace d'un point de vue mélodique que sombre lyricalement : « La vie est un cercle/On répète les mêmes erreurs du landau au cercueil ».
C'est là toute l'intelligence de Swing : mélanger des productions à la fois douces et chaleureuses (concoctées en partie par Le Motel, connu pour son travail auprès de Roméo Elvis et Veence Hanao) à des textes peu optimistes, interprétés d'une voix profonde et assurée, faisant preuve d'une souplesse peu commune. Un peu comme si, ce qui comptait ici, c'était d'abord le flow, le flux des mots, leur déhanché et leur calibrage. Ni flambeur ni rouleur de mécaniques, Swing réussi ainsi à imposer sur Marabout sa vision du hip-hop grâce à une méthode ambitieuse : jouer avec les idiomes du rap et les axiomes de la chanson, ce genre parfois vieillot que le Bruxellois s'emploie ici à revigorer.
Sur « Interlude », le Belge l'exprime d'ailleurs très clairement : « Ils voudraient que j'ai des projets potables/Que je fasse jouer mes contacts que je rentre dans les cotas/Le système une prise d'otage/Je vivrai pas la vie d'un oiseau en cage/Je vais plutôt jouer d'audace /Même si l'avenir est maussade/Tirer un trait sur mon art, j'ai pas envie ».
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