Jean des Cars
27 April 2023
Dès son avènement, cet homme cultivé, sportif et d’une grande attention aux autres, oriente son action autour d’une osmose entre la tradition et l’énergie. La Principauté est un État original par son statut, sa situation et, notamment, ses rapports avec la France. Cette monarchie doit évoluer en tenant compte des aspirations de la population et de nouvelles réalités socio-économiques. Devant le Conseil national (le Parlement, composé d’une seule Chambre), le nouveau Souverain annonce ce qui caractérisera son règne : “Un esprit nouveau introduit dans des cadres anciens a consacré des principes modernes sans pour autant renier la tradition ; il y a ajustement et non bouleversement ; il y a évolution et non révolution”. En dépit de ces précautions, les malentendus se succèdent, les démissions aussi et la Constitution étant suspendue le 28 janvier 1959, un nouveau texte fondamental est promulgué le 17 décembre 1962, consacrant les principes d’une monarchie héréditaire et constitutionnelle. Le Prince a la haute autorité sur le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif est partagé entre le Souverain et le Conseil national, lequel vote le budget. La Justice est rendue au nom du Prince par les cours et tribunaux et le Monarque est assisté d’un Conseil de la Couronne. Le gouvernement est dirigé par un ministre d’État qui est obligatoirement un haut fonctionnaire français, choisi sur une liste de trois noms proposés par la France, mais nommé par le Souverain. C’est le seul cas où un haut fonctionnaire de la République française passe, légalement, au service d’un Monarque régnant et d’un pays étranger.
© André Perlstein / Roger-Viollet/Roger-Viollet/Photo News
Du long et prestigieux règne de Rainier III, on peut retenir deux événements particuliers : le conflit avec la France du général de Gaulle et un authentique roman d’amour avec l’une des plus ravissantes stars d’Hollywood, la merveilleuse Grace Patricia Kelly. La crise franco-monégasque avait pour origine la nécessité d’harmoniser les législations fiscales. Pendant quinze mois, la tension est telle qu’un cordon douanier est installé à la frontière franco-monégasque et paralyse la vie de la Principauté, car si cet État est réellement indépendant, il n’est pas autonome pour diverses raisons techniques et géographiques. Après de laborieuses négociations, une Convention est signée le 18 mai 1963. Elle établit enfin, entre autres, la distinction entre les sujets du Prince, qui ont la nationalité monégasque, et les simples résidents ou étrangers travaillant en Principauté.
© Benainous Scorcelletti/Gamma/Photo News
On a tout dit, tout raconté et presque tout montré du mariage de Rainier III avec celle qui allait devenir la princesse Grace de Monaco par leur union le 19 avril 1956, un événement qui eut un retentissement international et a fait connaître Monaco dans le monde entier, beaucoup de gens à l’époque ignorant où se trouve la Principauté. À cette cérémonie, la France est représentée par le Garde des Sceaux, François Mitterrand, qui jugera que les affaires de la Principauté étaient bien conduites et sera sous le charme de la nouvelle Princesse.
D’innombrables reportages, chroniques et livres n’ont cessé de décrypter, d’ausculter, voire de mettre à nu la vie de la Principauté, surtout celle de sa première famille. Monaco et les trois enfants du couple ont grandi ensemble. Le prince Rainier fut, très tôt, un chef d’État soucieux de l’environnement et de la lutte contre la pollution. En même temps, il créa le Festival international de Télévision de Monte-Carlo en 1961, organisa l’installation de nombreux laboratoires scientifiques et développa les activités littéraires et musicales dans le cadre de la Fondation Prince Pierre, en hommage au père du Souverain. Grand amateur et connaisseur du monde de la Piste, il créa, en 1974, le Festival International du Cirque de Monte-Carlo, dont le rayonnement fut une superbe réussite.
La mort accidentelle de la princesse Grace, le 14 septembre 1982, fut un chagrin mondial, un traumatisme comparable à l’assassinat du président Kennedy. Le charme, la beauté, l’humour et la classe sont frappés. Quelque temps après les funérailles de cette merveilleuse et inoubliable grande dame, le prince Rainier me déclara : “Nous formions une bonne équipe”.
En couverture : © André Perlstein / Roger-Viollet/Roger-Viollet/Photo News
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