Martin Boonen
15 December 2023
AOC depuis 1990, les vins effervescents de Bordeaux, les crémants de Bordeaux, à l’image des vins blancs secs de la région, ne cessent de progresser. Issus de la méthode traditionnelle (fermentation en cuve, refermentation en bouteille, comme pour le champagne) ils se déclinent en deux couleurs, blanc et rosé. Les cépages typiquement bordelais (notamment le sémillon et le sauvignon) vont donner sur un terroir argilo-calcaire sablonneux (très différent de la Champagne) et un climat océanique tempéré et humide, des vins fins, amples mais frais. Les crémants de Bordeaux en blanc s’épanouiront parfaitement à l’apéritif ou sur des poisons et des fruits de mer. Comme ce P de Bonhoste (abcvins.be, 13€), assemblage de sémillon et d’ugny blanc, qui développe des notes de fruits secs et de fruits exotiques. Le rosé aussi, mais ses arômes acidulés de petits fruits rouges seront peut être encore meilleur en dessert, notamment ceux au chocolat noir accompagnés de framboises ou de cerises. On pense notamment aux très belles Bulles de Lisennes (Les bulles d’Anvers, 15,5€). Les crémants de Bordeaux semblent éviter les barriquages parfois trop marqués de leurs cousins tranquilles et conservent donc une belle vivacité.
P de Bonhoste
Bulles de Lissenes rosées
Nous vous en avions déjà parlé ici, mais nous succombons à la tentation de vous rappeler l’existence de cet OVNI (objet viticole non-identifié) né du côté de Bourgueil. Propriété d’un couple de Belges, Kathleen Van den Berghe et son mari Sigurd Mareels, le château de Minière produit donc une bulle rouge, issue intégralement d’une parcelle de cabernet franc, dédiée à cette cuvée très spéciale. Bio, comme toute la production du château de Minière, ces Bulles Rouges de Minière (start2taste.be, 19€) sont élaborées selon une méthode minutieusement mise au point au long des années par Kathleen. Cette “méthode Minière” (comme Kathleen a fini par la baptiser) conjugue en faut la méthode traditionnelle (celle du champagne) et de la méthode ancestrale (celle des pétillants naturels). L’originalité de cette cuvée, c’est qu’elle possède des – légers – tannins, contrairement à la majorité des vins effervescents blancs, ce qui lui permet d’accompagner un menu sur toute sa longueur, de l’apéritif au dessert. On retrouve dans le verre des fruits rouges bien mûrs, presque compotés, avec une superbe trame d’acidité qui lui confère un parfait équilibre.
Les Bulles rouges de Minière © Château de Minière
Années après années, le vignoble belge croit : en superficie, en professionnalisme, en qualité. Il s’affirme de plus en plus comme un grand terroir de vins effervescents. Il n’est plus besoin de rappeler les success stories des domaines des Agaises (qui produit le fameux Ruffus) et du Chant d’Éole, dont l’excellence reconnue contribuent à mettre les vignes belges sur la carte du vignoble mondial. Mais derrière ces deux grandes locomotives, c’est le niveau global des vins en Belgique qui progresse à pas de géant. En termes de vins effervescents, dans la région namuroise, ceux du Domaine du Chenoy (chez les frères Despatures), notamment les Perles de Wallonie rosées (22,90€), ou le Brut de Bioul (start2taste.be – 25€) du château de Bioul (chez Vanessa Vaxelaire), valent amplement le détour. En Brabant wallon, on ne peut passer à côté de la cuvée Grand Blanc du Domaine de Glabais (vinspirard.be – 26€). Si on pouvait reprocher aux premières cuvées bruts non-millésimées du domaine un dosage un poil trop généreux les premières années, ce n’est définitivement plus le cas avec cette cuvée d”une grande classe qui assemble deux cépages autorisés en Champagne (le – très – rare pinot blanc et le prestigieux chardonnay), à un cépage connu surtout dans une autre région de grands vins blanc, l’Alsace : l’auxerrois. Il en résulte un vin droit, frais, aux notes de fruits secs et de fruits blancs.
Cuvée Grand Blanc du Domaine de Glabais
De l’autre côté de l’E411, toujours en Brabant wallon, le petit Domaine des Lowas produit, à partir d’un petit coteau de bonne pente et bien exposé à Grez-Doiceau, des bulles bio, fines et savoureuses (des notes de brioches ou de pain grillé qui n’altèrent pas sa fraîcheur) qui méritent d’être connues (vitineos.be – 23€). Si le Brabant wallon et le Hainaut se démarquent comme région viticole wallonne, Liège n’est pas en reste. La flamboyante coopérative Vin de Liège produit certains des meilleurs vins du pays. La ligne de craie qui traverse le domaine profite notamment aux vins blancs, en particuliers les effervescents. Deux cuvées illustrent particulièrement le beau terroir liégeois. L’Abrupte (20,90€), d’abord, dont la parcelle de souvignier gris est largement influencée par la sous-couche de tuffeau sur laquelle elle pousse, est marquée par la fraîcheur, la minéralité et quelques notes de fruits jeunes. La deuxième, l’Insoumise (20,90€), ajoute du johanniter à ce qui devient donc un assemblage (souvignier gris – johanniter) et contribue à ajouter une couche de complexité à ce vin d’excellence qui brillera en particulier à l’apéritif. Bonne nouvelle, alors qu’ils étaient jusqu’alors réservés aux coopérateurs, les bulles de Vin de Liège sont désormais accessibles à tous !
Comment parler de vins effervescents sans faire un détour par l’Alsace. Ce beau et prestigieux terroir de vins blancs à la réputation ancestrale réputée ne pouvait que faire d’excellents effervescents. Dans la famille des crémants, ceux d’Alsace sont d’ailleurs les plus connus. Traînant depuis longtemps une réputation de vin doux un peu démodée, l’appellation crémant d’Alsace ne ménage pas ses efforts pour moderniser sa production et les styles de vins qu’elle propose. Et cela fonctionne puisque cette AOC est devenue la préférée des Français, derrière l’indéboulonnable champagne. Son très intéressant rapport qualité/prix n’est pas pour rien dans ce grand succès commercial.
Et pourquoi ne pas essayer en rosé, comme cette cuvée Ziegler brut (Delhaize, 10,99€). Monocépage à base de pinot noir (comme l’exigence l’appelation crémant d’Alsace rosé), on goûte dans ces bulles des fruits rouges, évidemment, mais plus particulièrement la fraise qui donne une impression de bonbon acidulé qui pourrait fonctionner autant à l’apéritif qu’au dessert.
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