Rédaction
06 April 2016
Pour nous, il a choisi la biographie de Steve Jobs, de Walter Isaacson, le génial et fantasque fondateur d’Apple. Un choix qui pourrait être évident tant le souvenir du charismatique patron californien fait fantasmer plusieurs générations d’entrepreneur. Pourtant, les raisons du choix de Brice Le Blévennec ne sont pas celles auxquelles on pourrait penser de prime abord…
« J’ai lu ce livre au moment où il est sorti, c’est-à-dire au moment la disparition de Steve Jobs. Ma carrière était déjà donc déjà bien emmanchée. Il n’a pas changé ma façon de faire du management, ou ma vision de l’avenir, mais il m’a donné un autre regard sur mon passé. Pour être honnête, je ne me souviens plus du tout ce qui se passait pour Emakina à ce moment-là. J’ai découvert, en lisant ce livre, que le fondateur d’Apple était passé par beaucoup de choses que j’avais vécues, avec dix ans d’avance. Tout n’est pas parfaitement pareil évidemment. Même si Emakina est devenu un important groupe de communication, cela reste extrêmement modeste par rapport à Apple. Malgré tout, j’ai pu voir des similitudes entre mon histoire personnelle et professionnelle et celles de Steve Jobs. Comme lui, et comme Bill Gate ou Mark Zuckerberg (et beaucoup d’autres) je suis un college dropout (quelqu’un qui a abandonné ses études avant d’être diplômé, ndlr), autodidacte et entrepreneur. Passionné par la technologie, j’ai dû apprendre sur le tas les responsabilités de chef d’entreprise. J’ai dû apprendre à devenir plus responsable. En lisant ce livre, je me suis aperçu que mon quotidien était le même que celui de beaucoup d’autres chefs d’entreprise, même Steve Jobs... En prenant de l’expérience, on perd une certaine naïveté au profit d’une plus grande responsabilité. On fait plus attention aux autres et à son entourage. Ce n’est pas facile, cela dit. Quand on a un trajet de pur autodidacte entrepreneur, l’entourage est parfois un peu loin des questions que l’on peut se poser dans sa carrière. On se sent un peu seul parce qu’on n’a pas toujours d’interlocuteurs près de soi. Votre maman a beau vous aimer de tout son coeur, et vos amis vous offrir tout leur soutien, les solutions pour votre client doivent venir de vous. J’ai donc fais plein d’erreurs, mais j’ai découvert que tout le monde faisait plein d’erreurs. Steve Jobs est un grand gourou et je ne suis qu’un petit bouddha, mais parfois j’ai fais les mêmes erreurs que lui: mal fixer les priorités, ne pas tenir compte de la sensibilité des gens … Fonder une boite comme Apple, c’est un peu comme fonder une agence comme Emakina: c’est avant tout exploiter le talent des autres et faire en sorte qu’ils puissent exprimer le meilleur d’eux-même. Lire ce livre m’a aussi permis de lutter aussi contre le syndrome de l’imposteur dont je souffrais un peu. Parfois, on a du mal à concevoir que son parcours professionnel est mérité. On imagine même que les gens n’ont pas réalisé notre incompétence! C’est encore pire quand, comme moi, on n’a pas fait d’études. En lisant ce livre, j’ai compris que, ce qui m’arrivait, je le méritais: j’ai donné ma vie et ma santé à mon travail, j’ai bossé comme un dingue. Pour le dire simplement: j’ai mieux compris la part de la chance dans la réussite par rapport à l’effort fourni. De cette manière, j’ai réalisé que l’effort prévalait sur la chance! Pour terminer, je voudrais préciser que le biopic’ est très mauvais et ne reflète pas la réalité. Il faut lire le livre ! (rire) »
ISAACSON W., Steve Jobs, JC Lattès, 2011, 668 p.
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