Martin Boonen
30 September 2015
"Mine de rien, Do Eat, c'est simplement une idée de fainéants". Ce n'est pas Eventail.be qui le dit, mais bien Hélène Hoyois, la co-fondatrice de Do Eat. Et quand on l'entend expliquer cette idée, on en vient à penser que les fainéants ont peut-être été plus révolutionnaires que ce que l'on pense... Gaston Lagaffe lui-même, roi des paresseux, n'était-il pas un inventeur prolifique? Mais la comparaison avec le fils du regretté Franquin s'arrête aussi net. L'idée de Hélène Hoyois et Thibaut Gilquin n'est pas prête de tourner à la catastrophe comme celles du fantasque héros de bande dessinée.
Mais au fond, de quelle idée parle-t-on au juste? De verrines comestibles et biodégradables. Et cette idée, elle est née au fond d'un canapé. "Durant ses études d'architecture d'intérieur, Thibaut a dû réinventer le fameux plateau repas que l'on mange devant la télé. Un soir, on s'est retrouvé dans un canapé avec nos assiettes sur les genoux et aucune envie de se lever pour faire la vaisselle. C'est comme ça que nous est venue l'idée de manger notre assiette" se souvient Hélène Hoyois.
Grâce à des encres comestibles, les contenants, naturellement blancs sont personnalisables à souhait © Do Eat |
Thibaut Gilquin est donc architecte d'intérieur, et Hélène Hoyois webdesigneur. Pas vraiment les profils de biochimistes à même d'imaginer un matériel comestible. Quoique … "En design, on nous apprend beaucoup à travailler les matériaux, il a juste fallu considérer la pomme de terre comme un matériel traditionnel". S'en est suivi une longue série d'expérimentations pour arriver à un résultat satisfaisant et commercialisable, en plus d'être consommable. "Très vite, on s'est mis à la recherche d'un matériel qui pourrait convenir. On a travaillé sur le blé, la banane mais c'est la pomme de terre qui s'est révélée la plus intéressante. On l'a vraiment triturée dans tous les sens : on l'a mixée, écrasée … Ca nous a pris plusieurs mois, presque un an pour avoir une matière qui répondait à nos critères". Aujourd'hui, le résultat est là: quatre types de verrines, un lotus, une tulipe, une pirogue et une cuillère, au design moderne et immaculé, très contemporain. Et grâce à des encres comestibles elles aussi, ces verrines naturellement blanches peuvent prendre les couleurs d'un traiteur, d'une marque, afficher les prénoms de mariés … Elles sont disponibles en paquet de 25 verrines dans les épiceries fines ou sur le site internet de Do Eat pour 9,95 €. "Les traiteurs ont très bien accueillit nos produits. Ils sont toujours à l'affut de nouveautés et l'argument écologique et un plus pour leur image" explique Hélène Hoyois.
Si évidemment la facilité reste le premier argument de vente de Do Eat, le souci écologique arrive très rapidement. Il se pourrait même qu'il soit finalement déterminant. Les verrines Do Eat sont parfaitement et immédiatement biodégradables: "On peut donc les composter et, après une pluie, elles sont dissoutes sans aucune pollution pour les sols". Donc, que vous les ayez mangées ou non, dans tous les cas, les verrines Do Eat vous évitent de faire la vaisselle, et en économisant de l'eau, elles sont donc économiques et écologique. "Nous sommes écolo-fun. La plupart des initiatives écologiques jusqu'à présent demandaient aux consommateurs, pour le bien de la planète, de modifier leurs habitudes de manières plus contraignantes. Nous revendiquons exactement l'inverse. Nous simplifions la vie des consommateurs, économisons de l'eau et supprimons des déchets".
L'idée et la démarche de Do Eat a d'ailleurs été déjà salué par le petit microcosme de l'entrepreneuriat lorsque la start-up a reçu le prix de l'innovation du programme NEST'up Creative Wallonia. Et les grands chefs de la restauration ne s'y sont pas trompés. Sang-Hoon Degeimbre, chef de l'Air du Temps (deux étoiles au Michelin qui ouvre un resto à bols ce lundi 5 octobre à Bruxelles, plus d'infos), Clément Petitjean, chef de La Grappe d'Or (une étoile au Guide Michelin) et Jean-Phi Watteyne, finaliste de l'émission culinaire Top Chef en 2013, se sont tous intéressés à ces verrines comestibles et ont imaginés des recettes exclusives pour Do Eat. "Pour les chefs, c'est le support parfait puisqu'il est neutre en gout. On peut y mettre du sucré ou du salé. Ce n'est pas un complément à l'aliment comme les petites bouchées en pate feuilletée. Nous ne sommes pas une part du contenu, nous restons le contenant" conclu Hélène Hoyois.
Thibaut Gilquin, Daphné Mathy et Hélène Hoyois, la Do Eat team © DR |
Un contenant design, pratique, économique et écologique, les verrines Do Eat ont tous les ingrédients pour s'installer durablement dans nos menus. D'ailleurs, le duo (devenu trio avec l'arrivée de Daphné Mathy) déborde d'idée : assiettes, verres, et peut-être couverts, calendrier ou livre de cuisine …
Même si Hélène Hoyois mesure l'importance de ne pas se disperser, l'ambition de Do Eat est belle et bien de nous faire croquer le monde !
www.doeat.comPublicité