Nathalie Dassa
23 October 2024
L’Éventail – Comment s’est déclenchée l’envie de créer, en 2021, votre fondation en faveur de l’enfance et des femmes ?
Valérie Messika – La maturité a fait son travail. J’avais quarante-cinq ans. J’ai été très gâtée, de belles choses ont rempli ma vie. Il est temps de prendre le temps et de rétribuer. Faire de la philanthropie n’est pas une construction, mais représente des moments de mon existence, des rencontres et des coups de cœur. Au sortir du Covid, je souhaitais le faire de manière plus constructive. Cela me semblait évident de me concentrer sur les femmes et les enfants. Déjà en tant que femme moi-même, mais aussi pour toutes celles qui ont été importantes dans ma trajectoire. La maison Messika est gérée à 70 % par des femmes, cela a contribué à notre success story. L’enfance est tout aussi cruciale, étant moi-même mère de deux filles en bas âge. Je me suis toujours dit que si l’on veut un monde meilleur, il faut démarrer à la
racine. Et pour moi, la racine du monde, ce sont les enfants, l’éducation, l’accès à la connaissance et aux savoirs, la possibilité d’être indépendant et de faire un métier.
– Quelle est l’importance, aujourd’hui, de s’impliquer dans l’éducation, l’instruction et la santé des femmes et des enfants démunis à travers le monde, où nombre de pays vivent toujours sous le seuil de pauvreté ?
– C’est fondamental. D’autant plus dans ces sociétés défavorisées, que ce soit en Afrique ou en Inde. Des continents que l’on pense loin, mais qui ne sont qu’à quelques heures d’avion. Ces femmes et ces enfants n’ont accès à rien et n’ont aucun moyen de s’en sortir. En tant que mère, je me rends compte à quel point les enfants sont des éponges, qu’on peut leur laver le cerveau dans un sens comme dans l’autre.
– Kits d’hygiène, scolarité des jeunes filles, sensibilisation à l’insertion socio-économique et aux violences faites aux femmes… Comment s’opèrent vos choix ?
– Choisir n’est jamais facile. Mon cœur réagit spontanément, tout me touche ! Je suis
accompagnée par la Fondation de France, car qui dit cause philanthropique dit nécessité de prendre un guide de haute montagne. Et la philanthropie est une haute montagne ! Beaucoup de causes sont sérieuses, d’autres pas du tout. Je voulais me sentir sereine dans mes investissements et être aidée par une institution. La fondation de France me propose ainsi des causes. Ensuite, cela se passe en fonction de l’affinité avec les gens que je rencontre, avec les projets déjà menés et les possibilités de pouvoir agir immédiatement.
– En 2024, vous collaborez avec l’hôpital Gustave Roussy, premier centre de lutte contre le cancer en Europe, dans le cadre d’Octobre rose. Qu’est-ce qui vous a motivée dans le programme de recherches et d’analyses 50 nuances de Rose qui développe des thérapies sur mesure pour les patientes en rémission ?
– En tant que femme, c’est forcément une cause qui m’interpelle. J’ai également été touchée par le biais d’amies autour de moi. Octobre rose est largement connu, mais je n’avais jamais eu l’occasion d’y participer. Une rencontre m’a permis d’adhérer à ce nouveau programme. L’idée était de donner davantage de sens qu’un simple “chèque”, car on peut toujours participer de façon individuelle. L’objectif est sans cesse de dimensionner mes actions.
– Vous avez conçu un bracelet sur cordon rose qui réinterprète le motif Baby Move. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette pièce qui rejoint les collections solidaires Messika CARE(s) ?
– Cette création se différencie par sa couleur, car le modèle existe déjà. La symbolique était parfaite avec Octobre rose : il s’agit de trois diamants représentant l’amour d’hier, d’aujourd’hui et de demain. J’y ai ajouté la femme que j’étais, que je suis et que je serai. En ressort ce challenge de vie. Les diamants symbolisent l’éternité, à la fois dans l’amour, le défi de soi, l’évolution et la maturité. Cette symbolique s’accorde avec le propos.
© Messika Paris
– Messika Paris célébrera ses vingt ans en 2025. Comment voyez-vous l’avenir de la marque, de la fondation et du diamant ?
– J’espère que la marque continuera à rayonner à travers le monde, tout en m’enrichissant des diverses cultures et d’une ouverture aux différents marchés pour rendre le diamant jeune, contemporain, moderne et accessible. J’ai eu la chance d’être “née dedans” avec mon père : mes actions naissent ainsi de manière naturelle et spontanée. J’espère également que le diamant demeurera un objet de luxe rare. Le diamant synthétique a fait peur à l’industrie. Aujourd’hui, il s’est effondré en termes de prix de revient. De Beers a d’ailleurs suspendu cette année sa production en laboratoire. L’idée qu’une photocopie ne vaut plus rien donne encore plus de désirabilité à cette pierre exceptionnelle qui vient de la terre et qui a mis des millions d’années à se former. Son cours stable recouvre toute la magie d’un produit issu de la terre. Quant à la fondation, mon objectif est de tout faire pour améliorer ce monde, de donner plus d’argent et de temps. Ce nouveau chapitre avec l’Inde est très important, tout comme avec l’Afrique, car le diamant vient de là-bas.
Photo de couverture : © Nicolas Gerardin
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