Corinne Le Brun
29 June 2022
Malgré un budget réduit à une peau de chagrin, le réalisateur entend mener à bien ce film de zombies. Voilà que, en plein tournage, l’équipe est assaillie par… de vrais zombies. Michel Hazanavicius signe une comédie burlesque, déjantée qui a fait l’ouverture du Festival de Cannes et du Brussels International Film Festival.
Eventail.be – Coupez ! a remplacé Z le titre originel. Un regret?
Michel Hazanavicius – Pas du tout parce que quand le film est devenu international en faisant l’ouverture du Festival de Cannes. Du coup, avec la lettre “z”, devenue le signe de ralliement pro-russe par rapport à l’Ukraine, le film a pris une couleur ou une espèce de collusion avec les événements avec lesquels le film n’avait rien à voir. Je trouvais que c’était tout à fait approprié de changer le titre. Coupez ! est une espèce de miroir de « Ne coupez pas ! ».
© Lisa Ritain
– Ce n’est pas la première fois que vous faites un remake. Est-ce, pour vous, un plaisir particulier?
– Coupez ! est un remake fidèle. Pour The Search (2014), je voulais faire un film sur la Tchétchénie et, tout d’un coup, j’ai découvert le film de Fred Zinnemann Anges marqués (1948) qui a une approche très mélodramatique sur les camps de concentration et ça m’a plu. J’en ai fait une transposition plutôt qu’un remake. Pour Coupez !, j’avais envie de faire un film de comédie de tournage et, par hasard, le producteur me propose Ne coupez pas !. Le film japonais a une structure narrative tout à fait brillante à laquelle je suis beaucoup plus fidèle. C’est comme si vous interveniez à un niveau avancé de l’écriture puisque l’histoire est déjà conçue. Mais pour moi, c’est exactement pareil que de travailler avec le scénario de quelqu’un d’autre ou à partir d’un livre. Mais au moment où vous êtes sur le plateau, vous êtes avec les acteurs. J’aimais bien l’idée d’honorer l’original. Il y a des gens qui font des remakes et qui occultent le film d’origine au point de ne pas être dans le générique. Au contraire, j’ai adoré le film japonais c’est pour cela que j’ai intégré dans mon film à moi l’idée que mon personnage faisait lui-même un remake.
– Le tournage d’un film d’horreur de « série Z » tourne au cauchemar. Tout part en vrille. Comment avez-vous écrit le scénario?
– Ce film-là, qui fonctionne un peu comme un tour de magie, est complexe et extrêmement précis. On l’a tourné en six semaines. Il n’y a pas la place pour la moindre improvisation ou digression par rapport à ce qui est écrit parce que il n’y a pas le temps. D’une manière générale, dans ma méthode travail, tout le temps dont je dispose est consacré à tourner ce qui est écrit. Là, on est dans une fiction qui ressemble plus à une émission de télé parce que c’est projeté en direct et, du coup, le film échappe complètement aux gens qui le font.
– Une fois de plus, vous rendez hommage au cinéma
– Les autres films parlaient plus d’icônes: The Artist (2011) rend hommage au cinéma muet et Redoutable (2017) à Jean-Luc Godard. Là, Coupez ! évoque le quotidien des gens qui font le film, que je côtoie depuis plus de trente ans. C’est le métier du cinéma. J’aimais bien l’idée d’avoir un regard à la fois moqueur et en même temps tendre sur cette population-là. C’est juste une comédie pour faire rire.
– Vous tournez souvent avec votre épouse Bérénice Béjo et, cette fois, avec votre fille Simone
– Oui. J’ai un plaisir à tourner avec Bérénice. On s’est rencontrés sur le tournage de OSS 117, Le nid d’espions (2006). On a eu beaucoup de plaisir à travailler ensemble. Et cela continue. Dans le cas de ma fille, l’occasion s’est pour la première présentée même si elle a fait des courts métrages. Il y avait un rôle qui lui correspondait très bien. C’était très touchant et très agréable de travailler avec ma fille.
– Jean-Louis Trintignant fait la voix off de votre prochain film…
– Oui, nous avions enregistré les voix déjà il y a un an. C’est mon premier film d’animation tiré du roman de Jean-Claude Grumberg La plus précieuse des marchandises : Un conte (Editions Lizzie, audio, 2019). J’ai croisé une très belle histoire sur la Shoah et le dessin. Le film sera prêt dans deux ans.
Photo de couverture : © Lisa Ritain
Film
Coupez !
De
Michel Hazanavicius
Avec
Romain Duris, Bérénice Béjo, Grégory Gadebois
Sortie
En salle le mercredi 29 juin 2022
Publicité