JC Darman
12 June 2023
Pendant un mois, une soixantaine de tableaux aux cimaises des murs de briques rouges des Écuries de Waterloo vont diffuser autant de lumières et d’atmosphères extrêmement différentes qui auréolent un nombre pourtant assez réduit de sujets. C’est Venise, la ville bâtie sur l’eau, qui constitue une infinie source d’inspiration pour ce peintre obsédé par la lumière. Pas moins d’une douzaine des toiles sont consacrées à la Sérénissime. L’église de la Salute, la douane de mer ou encore le pont du Rialto sont représentés dans la brume, sous la neige, la lune ou le soleil d’été, à la naissance du jour ou à la tombée de la nuit, chaque fois nimbés de luminosités toutes particulières.
"Le crépuscule appelle les "bleus" sur Venise", Léopold Baijot, 90x70cm © DR
On y retrouve une maîtrise accomplie du Sfumato, cette technique picturale venue d’Italie qui peint le sujet selon un mode de coloration où couleurs et contours se fondent dans une atmosphère vaporeuse. En plus petit format, on peut voir aussi une demi-douzaine de paysages regroupés des fameuses falaises d’Étretat, mais transfigurées selon les différentes illuminations émanant du ciel et de la mer. Baijot affirme lui-même : « Je ne peins qu’un seul sujet : la Lumière ». Il ne se veut pas l’adepte d’une école particulière, mais il est patent que plusieurs de ses toiles s’inscrivent dans la mouvance impressionniste. On y retrouve, par exemple, le fin brouillard bleu, orangé et or du tableau fondateur de Claude Monet, Impression, soleil levant. D’autres côtoient une forme d’abstrait par la densité et les violentes fusions des coloris.
"L'arrivée des cavaliers du désert", Léopold Baijot, 200x150cm © DR
"Lumière sur Etretat", Léopold Baijot, 40x30cm © DR
Quelques huiles de Léopold Baijot rappellent aussi certaines aquarelles de cet autre grand maître de la couleur, le britannique William Turner (1775 -1851) pour lequel il avoue son admiration et ne nie pas l’influence. Une des œuvres exposées est d’ailleurs intitulée L’adorateur de lumière – Hommage à Turner. On peut également considérer Léopold Baijot comme un peintre orientaliste. Plusieurs toiles inspirées par l’infini des déserts, les silhouettes de cavaliers sur les rives du Nil ou encore l’aube sur Jérusalem agrémentent en effet l’exposition.
Léopold Baijot a peint, à l'image de W. Turner avec le Parlement londonien, l'incendie de Notre Dame © DR
Un tableau suscite cependant une attention particulière. Sans doute influencé par L’Incendie du Parlement de Londres, une œuvre réalisée par son maître Turner en 1835, Baijot a peint l’incendie de Notre-Dame de Paris au moment précis de l’effondrement de la flèche dans le brasier. Là aussi les brillances de l’embrasement transpercent l’opacité des fumées avec de saisissants effets. Baijot a proposé à Emmanuel Macron d’offrir cette toile à la France. La proposition a été acceptée et cet été le peintre acheminera lui-même le tableau à l’Elysée.
Une remarquable exposition où même les titres des œuvres sont suggestifs et ne manquent pas de poésie : Le baiser du soleil à la terre, Les gondoliers glissent sur la lumière d’un crépuscule, Le crépuscule des hommes de la mer …etc.
Illustration de couverture : “Entre les palais, la majesté du Rialto”, Léopold Baijot, 200x115cm © DR
Exposition
“De Venise à Jérusalem”… en passant par Waterloo
Artiste
Léopold Baijot
Adresse
Les Écuries de Waterloo
Chaussée de Bruxelles, 308
1410 Waterloo
Dates
Jusqu’au 2 juillet
Sur internet
Publicité