Bertrand Leleu
05 September 2022
© Kornfeld & Cie
Cuno Amiet (1868 -1961)
Mère et enfant dans une prairie couverte de fleurs, 1906, huile sur toile
Vente du 17 juin, galerie Kornfeld & Cie, Berne.
S’il est moins connu du grand public que son compatriote Ferdinand Hodler, il est pourtant l’un des artistes suisses du tournant du XXe siècle des plus appréciés. Tout dans ce tableau méritait ce record mondial de 3,2 millions d’euros. Avant tout sa provenance impeccable : le tableau fut, en effet, directement commandé par le Dr Hermann Kurz et n’a pas quitté sa famille depuis. Le sujet ensuite : la présence des éléments symbolistes que sont la mère et l’enfant, comme nimbés par un paysage poétique. On retrouve d’ailleurs une palette dorée, chère aux artistes viennois de la Sécession qu’Amiet a côtoyés à partir de 1904, mais également des couleurs gaies, héritées de son séjour au côté de Paul Gauguin, à Pont Aven, vers les années 1892.
© Delon-Hoebanx, Drouot
Vietnam. Bol de l’empereur Tu Duc (1848-1883)
Jade sculpté en léger relief cerclé d’une bague en or, marque impériale de l’empereur de l’Annam en zhuanshu
Vente du 17 juin, Delon-Hoebanx, Drouot, Paris
Épouse de l’empereur Bao Dai, héritier de la dynastie Nguyen, l’impératrice Nam Phuong aura rapporté en France une importante collection de porcelaines, de pierres dures et de verreries (environ 200 pièces) après l’abdication de son époux, en 1955. Lors de cette vente historique, les regards étaient bien évidemment tournés vers les fameuses porcelaines en bleu de Huê, produites en Chine mais réservées à l’usage de la cour du Vietnam. Pourtant, c’est un bol en jade qui créa la surprise. Sculpté en léger relief de deux dragons à la recherche de la perle sacrée parmi les nuages et de frises de ruyi, ce bol de 6 centimètres de haut a été adjugé 845 000 euros, avec une estimation de 30 000 euros. Un beau résultat qui participait aux 3 450 000 euros glorifiant le total de vente de cette collection impériale.
© Jean Elsen & ses Fils
Brabant, François Ier, 10 souverains d’or (ducaton en or), 1751, Anvers (J. Roettiers)
Tranche cordée
Vente du 11 juin, Jean Elsen & ses Fils, Bruxelles
Rareté et état impeccable ont fait briller cette monnaie en or de 1751, figurant François 1er, époux de Marie-Thérèse d’Autriche. Son existence n’a pas été chose aisée, tant la représentation de l’empereur fût contestée par les États de Brabant. En effet, l’empereur n’était pas reconnu comme souverain du pays, mais comme son co-régent. Ainsi, très peu d’exemplaires furent frappés et ils ne furent d’ailleurs pas mis en circulation. Cette émission serait un souhait personnel de l’impératrice Marie-Thérèse, soutenue par la cour de Vienne. Il existe, en revanche, un autre type de pièce, frappée des deux portraits des époux, un sur chaque face. Ce n’est qu’à partir de 1755 que des couronnes ont été frappées au titre de François Ier, lesquelles avaient suscité de nouvelles protestations.
© Christie’s
Alberto Giacometti (1901-1966)
Femme qui marche I, bronze à patine brun foncé, signé et numéroté III/IV. Hauteur : 150,5 cm.
Vente du 14 juin, Christie’s, Paris
C’est bien l’enchère la plus haute réalisée en France au premier semestre 2022 qu’a obtenue le célèbre Alberto Giacometti avec cette Femme qui marche. Il faut dire que du haut de son 1m50, elle a de l’allure ! L’artiste, fasciné par l’Antiquité égyptienne, réalise le plâtre en 1932. Un an plus tard, cette figure apparaît sous une forme différente, à l’Exposition surréaliste de la Galerie Pierre Colle, à Paris. Un manche de violoncelle en guise de tête et des plumes à la place des mains ! Finalement, Giacometti décide de revenir à l’aspect initial de sa sculpture, en 1936, après avoir été rejeté par le mouvement surréaliste d’André Breton. Cet exemplaire a appartenu à plusieurs célèbres propriétaires, dont les Belges Joseph-Berthold et Gaëtane Urvater, avant de rejoindre les collections d’Hubert de Givenchy.
© MJV Soudant
Léonard Tsuguharu Foujita (1886-1968)
Autoportrait à la clef, huile sur toile signée et datée de 1923
Vente du 26 juin, MJV Soudant, Gerpinnes
Inimitables, le style et le sujet se reconnaissent immédiatement dans cet Autoportrait à la clef de Foujita. Membre important de l’école de Paris dans l’entre-deux-guerres, l’artiste japonais a su séduire le monde entier avec ses nus féminins, ses jeunes filles et ses chats énigmatiques. D’énigme, il est d’ailleurs question avec cette clef qui l’accompagne dans l’œuvre que voici. Une chose est sûre : la provenance de ce tableau, puisqu’il fit partie de la collection du belge Lucien Biot, grand ami de Foujita, qui fut notamment aide de camp et secrétaire du maharaja d’Indore, en France, et qui légua une grande partie de sa collection au château de Lunéville.
Publicité