Bertrand Leleu
13 June 2023
© Coutau Begarie
Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875)
Flore accroupie, marbre blanc, H. 105 cm
Vente du 28 mars, Coutau-Bégarie, Hôtel Drouot, Paris
Si les œuvres du sculpteur Carpeaux ont été éditées dans de nombreuses dimensions et matériaux, l’artiste n’a pas toujours remporté les suffrages de son vivant. C’est en 1854 que sa carrière débute, alors que le Valenciennois remporte le prix de Rome avec son Hector implorant les dieux en faveur de son fils Astyanax. Mais le véritable déclencheur sera la commande par la princesse Mathilde de son portrait en buste. Ainsi remarqué par le couple impérial, le sculpteur va participer à la décoration de la façade du pavillon de Flore, au Louvre, pour laquelle l’architecte Lefuel verra rouge, sa représentation du Triomphe de Flore en saillie brisant les lignes architecturales bien ordonnées du pavillon. Le musée d’Orsay en conserve le modèle original en plâtre. Seules quatre versions en marbre de cette dimension verront le jour, dont l’une est au musée de Valenciennes et l’autre au musée Calouste-Gulbenkian. Une rareté qui expliquait ce beau résultat.
© Bonhams
Jane Graverol (1905-1984)
Le trait de lumière, 1959, huile sur isorel, 80 x 60 cm
Vente du 29 mars, Bonhams, Paris
Artiste éminemment importante du surréalisme, Jane Graverol a enfin reçu un résultat à la hauteur de son talent. Élève à l’Académie des beaux-arts d’Etterbeek, puis à celle de Bruxelles, sous la direction de Constant Montald et Jean Delville, Graverol rencontre en 1949 Magritte, puis, en 1953, Marcel Mariën, avec qui elle vivra une relation tumultueuse. Son travail révèle un univers onirique et surnaturel, empreint d’une teinte symboliste issue de son apprentissage à l’académie, mais également de son père, le peintre Alexandre Graverol. “Mes toiles sont des rêves éveillés, des rêves conscients”, confiera-telle. Son œuvre Le Trait de lumière bouleverse les perceptions du réel. La dualité à laquelle fait face le personnage féminin rappelle la liberté du corps des femmes coincé dans un étau social de pierre. C’est d’ailleurs en cette même année 1959 que Jane Graverol participa au film de Mariën, L’Imitation du cinéma, farce érotique contre l’Église qui fit alors scandale.
© Succession Picasso, 2023
Pablo Picasso (1881-1973)
Gros oiseau vert, vase en faïence, H. 58.3 cm
Vente du 5 avril, Fraysse, Hôtel Drouot, Paris
Que ce soit sous le regard d’Ubu, sa chouette, ou d’Esmeralda, sa chèvre, Picasso n’a eu de cesse de représenter des animaux. En 1936, l’artiste de génie découvre la poterie du village de Vallauris. Dix ans plus tard, il y retourne pour travailler à l’atelier Madoura, donnant naissance à quelque 2000 œuvres en à peine quelques mois, aux côtés de Georges et Suzanne Ramié. Il produira ainsi vases, assiettes et pichets, situés entre artefacts et œuvres d’art, destinés à être accessible. Les oiseaux sont l’un des décors parmi les plus représentés et ce vase, édité en vingt-cinq exemplaires, a été réalisé en 1960. Spécialement conçu pour le couple Ramié, il a été façonné et peint par le maître lui-même dans ses dernières années, à Vallauris, juste avant qu’il ne parte s’installer à Mougins.
© Haynault
Ateliers Khlebnikov
Coffret Art nouveau, vers 1909, argent, 17 x 32 x 19 cm, poids : 3346 g
Vente du 21 mars, Haynault, Uccle
L’Art nouveau aura été un mouvement esthétique relativement bref au regard de l’histoire de l’Art, mais son développement international fut extrêmement riche et varié, apparu tout d’abord en Belgique et en France. Les artistes ont rapidement créé des variantes nationales : Modernismo en Espagne, Nieuwe Kunst aux Pays-Bas, Tiffany aux États-Unis, Stile Liberty en Italie, Jugendstil en Allemagne, Sécession en Autriche… On connaît un peu moins le Modern, sa version russe. Entre tradition et rupture avec le classicisme, cette école, essentiellement moscovite, explore la poésie et la courbure des formes animales et végétales. La maison Khlebnikov fournissait de nombreuses cours en Europe : Russie, Danemark, Pays-Bas… Elle a donc réalisé quelques rares pièces dans ce style Art nouveau. On retrouve dans cette boîte le subtil mélange du Boyard, image d’une Russie traditionnelle, entouré d’un décor floral exubérant et stylisé, typique de ce mouvement artistique.
© Jean Elsen & ses fils
Tournai (assiégée par Alexandre Farnèse – 1er octobre – 30 novembre 1581)
40 sols, 2e émission (23 novembre 1581)
Sur flan carré uniface
Vente du 17 mars, Jean Elsen & ses Fils, Etterbeek
Correspondant à une période historique courte et mouvementée, cette pièce de numismatique n’avait jamais été présentée en vente publique. En novembre 1581, faute d’argent, on frappa des pièces de 40, 20 et 10 sols en cuivre et en laiton. Tournai était alors la dernière ville des provinces du Sud à rester fidèle aux États généraux en révolte contre Philippe II d’Espagne. Après la prise de Maastricht et l’occupation du Brabant, le prince de Parme Alexandre Farnèse vint y tenir le siège le 5 octobre 1581. En l’absence du prince d’Espinoy, gouverneur de la ville, la défense était assurée par son épouse, Christine de Lalaing, et par François de Divion. Après avoir résisté près de deux mois, Tournai capitula le 30 novembre 1581. Durant le siège eurent lieu deux émissions de monnaie de nécessité. Cet exemplaire était donc d’une rareté exceptionnelle.
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