Rédaction
04 July 2016
Il est des singles posés, mine de rien, comme des pierres angulaires dans la carrière de leur auteur et sur le chemin de leur auditoire. Ni franchement pop, ni vraiment variété, mais subtilement écrit et composé à quatre mains avec Alain Souchon, « Rockollection » est de ceux-là. Attachant et terriblement efficace avec ses différents refrains piqués à Little Eva (« The Locomotion »), aux Beatles (« A Hard Day's Night »), aux Beach Boys (« I Get Around »), aux Rolling Stones (« (I Can't Get No) Satisfaction ») ou aux Bee Gees (« Massachusetts »), il fait de Laurent Voulzy un songwriter émérite, sans trompette ni pathos. Mais avec de sacrées pattes d'eph. On est alors en 1977, quelques mois avant que le punk ne vienne briser cette béatitude : la liberté sexuelle est passée par là, les innovations musicales des anglo-saxons également, et il est plus que jamais l'heure pour la jeunesse française issue de la classe moyenne de sortir le scooter, de se laisser pousser les « tifs » et de s'émanciper des figures parentales, celles qui « dansent sur Luis Mariano » et passent leurs « vacances en camping à Saint-Malo.
L'intention ici est claire : s'inspirer des tubes qui ont accompagné la jeunesse sixties, revisiter ces petites madeleines dont la moindre bouchée rend dramatiquement nostalgique de l'enfance et enchanter l'été grâce à une mélodie insouciante, des guitares excitées et une façon addictive de jouer avec la nostalgie de ces filles « en jupes plissées, queues de cheval à la sortie du lycée ». Fatalement, Laurent Voulzy tient là son premier grand succès, qu'il écoule à plus de 4 millions d'exemplaires, qu'il revisite dans une version anglaise et espagnole, et qu'il retravaille tellement régulièrement – il existe trois versions différentes du morceau – que l'auteur-compositeur français a été jusqu'à l'accompagner d'un clip de 19 minutes en 2008. La meilleure façon, finalement, de coller « encore au cœur et au corps » en 2016.
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