Rédaction
18 September 2017
« Notre mère est née au Congo à Kolwezi et n'est revenue en Belgique qu'à l'indépendance. On a des oncles très chauds de la fête. Notre père, qui nous suit toujours, vient de Binche mais on est imprégnés de l'Afrique et des percussions, des instruments collectionnés au gré de nos voyages au Maroc au Cap-Vert ou au Rwanda. » Ces propos tenus récemment à Focus Vif n'ont rien d'anodin. Ils posent les bases de l'ADN musical des frères Vince et Jean-Yves Lontie, deux ex-membres de Bikinians à la tête depuis 2011 d'une des formations les plus excitantes de Bruxelles : FùGù Mango, du nom d'un dangereux poisson japonais.
Aux côtés d'Anne Fidalgo, au chant, aux claviers et à la basse, ces jeunes belges se démarquent ainsi rapidement de la scène locale avec une pop nourrie à l'afrobeat, à la dance music et au groove intraitable. Un savant mélange, donc, que l'on retrouve parfaitement exécuté sur leur premier EP (Mango Chicks, 2014), sur leur reprise de Golden Brown des Stranglers, mais aussi en live, où le trio, accompagné du batteur Franck Baya, ne cesse de multiplier les dates surprenantes un peu partout en Belgique (ils étaient de la partie lors des dernières Nuits Botanique), mais aussi à Venise, en Croatie ou même lors d'une soirée Hermès au Danemark.
À l'écoute de leur premier album tout juste paru, qui doit autant à Django Django et The Knife qu'à Danyèl Waro et Fleetwood Mac, les trois compères ont visiblement appris à mieux maitriser encore leur formule. Produit par Luuk Cox (Girls In Hawaii, Stromae, Roscoe) et mixé par Ash Workman (Metronomy, Christine & The Queens), Alien Love est en effet une petite collection de tubes fourmillant de détails microscopiques. On y entend des mélodies exaltées (« Blue Sunrise »), des beats tribaux, des rythmes venus tout droit des rues de Kinshasa (« Gone With The Sea ») et des réminiscences eighties (« Silencio »).Un peu comme si FùGù Mango ne pouvait sortir un projet sans en avoir exploré toutes les possibilités, comme si, au sein d'un paysage musical de plus en plus standardisé, le trio avait réussi à s'inventer sa propre zone d'autonomie.
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