Rédaction
15 February 2016
Parfois la revanche sonne tardivement pour certains artistes que les critiques musicaux ont injustement et longuement relégué dans les catacombes de leur mémoire. Il a ainsi fallu attendre le décès de Michel Delpech en janvier dernier, à l'âge de 69 ans, pour qu'une partie de la presse spécialisée reconnaisse enfin la beauté de certaines de ses compositions. Et des histoires qu'elles renferment. Car la particularité du chanteur français n'est pas seulement d'avoir su mettre en son des tubes intemporels, c'est aussi d'avoir produit des singles porteurs d'une vraie histoire. Ainsi, Chez Laurette a été enregistré en 1965 avec le groupe malgache les Surfs après que Michel Delpech ait été viré de sa maison de disques, faute de ventes; Pour Un Flirt lui a permis en 1971 d'être l'icône d'une chanson populaire française; Quand J'étais Chanteur aurait dû être revisité par Elvis Presley si le King n'avait pas décidé de rejoindre le paradis plus rapidement que prévu.
Que Marianne était jolie est aussi de ces tubes à la forte charge historique. Écrite en 1972 en souvenir des événements de Mai 68 (« Les Printemps qui brillaient sous son soleil »), cette chanson, sous son refrain guilleret, va également plus loin en tendant un miroir à la France des années soixante et septante, alors en pleine alternance politique entre la fin des années de Gaulle et le début de Georges Pompidou. Car c'est bien des origines révolutionnaires de l'Hexagone (le « ça ira, ça ira » du refrain est une allusion au chant révolutionnaire français) et de la cinquième République dont parle Michel Delpech lorsqu'il chante « Marianne a cinq enfants, quatre fils qu'elle a perdu/Le cinquième à présent, qu'elle ne reconnaît plus. »
Preuve de son intemporalité, Que Marianne était jolie est d'ailleurs réapparue au centre des débats ces dix dernières années. La première fois, c'était en 2007. Michel Delpech, de retour après plusieurs années de panne créative, dédiait alors l'un de ses plus grands succès à Ségolène Royal, alors en pleine campagne présidentielle. La seconde fois, c'était début 2016, quelques jours à peine après son décès et un an jour pour jouer après les attentats de Charlie Hebdo. Le 7 janvier, c'est donc le moment choisi par Renaud et Christophe Alévêque pour se réunir Place de la République à Paris et interpréter à l'unisson ce refrain connu de tous. Que Marianne était jolie disait-il. La carrière de Michel Delpech l'était tout autant.
Publicité