Hughes Belin
10 April 2023
Dès qu’on sort du chemin et qu’on s’enfonce dans la forêt couverte de mousse, on sent le thermomètre chuter de quelques degrés. Le camp de base de la douzaine de saisonniers venus pour la récolte, une tente SNJ louée à la section scoute locale, est à une centaine de mètres, au beau milieu d’une forêt de bouleaux septantenaires. « Les bouleaux ne vivent pas très vieux, ce sont des pionniers qui préparent le terrain pour les autres arbres », explique Sandrine Malice, fondatrice de Sosève.
Sandrine Malice, fondatrice de Sosève © Sosève
Elle est devenue entrepreneuse un peu par hasard, à la mort de son père, lorsque ses héritiers ont appris que le propriétaire de l’ancienne gare d’Oignies-en-Thiérache avait également acheté une parcelle de bouleaux dans la forêt voisine. Nutritionniste, Sandrine connaissait les vertus de la sève de bouleau : anti-oxydante, diurétique et détoxifiante, elle contient de nombreux minéraux, oligo-éléments et vitamines. « Il y avait d’autres parcelles voisines plus facilement exploitables appartenant à la commune. Lorsque j’ai appris qu’ils voulaient tout raser, je leur ai proposé de me les louer », se souvient-elle. Et l’aventure de l’entreprenariat a commencé : négociation avec sa banque, avec l’AFSCA, la Direction nationale des forêts, la certification bio, Nature & Progrès, etc. Cette année, c’est sa 7e récolte, et toujours autant d’enthousiasme à extraire de manière respectueuse et durable le nectar de ces arbres si généreux.
© Sosève
Durant trois à quatre semaines au printemps, elle va ainsi récolter 50 à 60.000 litres de sève dans des centaines de bidons reliés aux arbres par un tuyau enfoncé dans le tronc à 2cm de profondeur. « Le bouleau ne donne que ce qu’il veut donner, de 3 à 15 litres sur les 200 l qu’il produit chaque jour », avertit Sandrine. Les bidons posés à même le sol, très froid, sont régulièrement transvasés dans de plus grands bidons conservés dans un camion frigorifique. « La chaîne du froid est capitale pour éviter à la sève de perdre ses précieux nutriments », explique Sandrine.
Elle a mis au point un procédé de lactofermentation qui permet d’en vendre toute l’année, avec des probiotiques en prime. La sève fraîche n’a quasiment pas de goût, juste légèrement astringente avec un très léger arôme de bois. Elle va ensuite se troubler et prendre un agréable goût d’eau de coco très légèrement sucrée, puis une pétillance et un goût plus acidulé. Un trésor de bienfaits sans aucun additif pour “boire la nature” et se faire du bien à raison de 250 ml/jour pendant trois semaines.
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