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Le Rhône voit la vie en rosé

ÉtéŒnologieRhôneRoséVin

Martin Boonen

12 July 2024

Si désormais l’on boit des vins rosés toute l’année, ils restent tout de même l’un des symboles de l’été. Leur succès est tel que tous les vignobles du monde travaillent désormais dur à refaire leur retard sur les historiques rosés de Provence. Le vignoble voisin de la vallée du Rhône n’est pas en reste. Son large encépagement et la richesse de son terroir, lui permettent de proposer des vins rosés très différents, modernes, voire innovants qui plairont à toutes les occasions. Démonstration avec une petite sélection qui vous accompagnera tout l’été.

Longtemps considéré comme un style un peu batard, entre le rouge et le blanc, cantonné aux apéritifs au bord de la piscine, et but givré sous une mer glaçons, les vins rosés semblent prendre leur revanche depuis quelques années. Autrefois réservée à l’été, leur consommation s’étend désormais sur toute l’année, et, quelque soit le moment, grandes surfaces et cavistes en proposent toujours un large assortiment.

Les spécialistes historiques des vins rosés sont les vignerons provençaux. En effet, sur les 27 000 hectares du vignoble, 80 pourcent sont dédiés à l’élaboration des vins rosés (15 pour les rouges, et 5 pour les blancs, en nette augmentation ces dernières années). Encore hégémonique en France, les vins de Provence, la concurrence s’intensifie pourtant. Bordeaux profite du renouvellement de style d’une partie de ses vins pour pousser ses blancs et ses rosés dont la qualité ne cesse de progresser. Les vins rosés de Bourgogne ou du Beaujolais sont rares, mais si vous tombez sur un flacon, n’hésitez pas ! La vallée de la Loire produit, elle, du rosé dans 30 appellations et dédie même trois d’entre elles uniquement aux vins rosés : Cabernet d’Anjou, Rosé d’Anjou et Rosé de Loire (qui couvre pas moins de 295 communes). Une étendue qui permet à ce vignoble de proposer des rosés très différents : du plus léger au plus charpenté.

Le vignoble de Tain-l'Hermitage © DR/Shutterstock.com

Dans la vallée du Rhône, celle qui nous intéresse aujourd’hui, les choses sont un peu différentes. Le vignoble est réputé, au travers d’appellation prestigieuse comme Châteauneuf-du-Pape, Côte-rôtie, Vacqueyras, Gigondas, Saint-Joseph, pour ses vins blancs et rouges puissants, amples, épicés et gastronomiques. Pas vraiment le terrain de jeux habituel des rosés que l’on partage à l’apéritif. Il existe pourtant une appellation dédiée aux vins rosés dans la vallée du Rhône : Tavel. Celle-ci, à l’image des autres vins de la région, produit des rosés magnifiques mais à forts caractères et racés.

Cependant, s’appuyant sur son large encépagement (21 cépages autorisés : 13 en noir, 8 en blanc) et sur la variété de son terroir (entre les fameux galets roulés, le granite, le sable, l’argile ou le calcaire), le vignoble rhodanien peut donner naissance à des vins d’une grande diversité, et les rosés de font pas exception.

1 – Tradition, Cave la Romaine

En appellation Côte du Rhône, la cuvée Tradition de la cave coopérative La Romaine (la plus ancienne du secteur) propose un rosé composé d’une majorité de grenache (60%) auquel on ajoute, à parts égales du cinsault et de la syrah. Cela donne un vin qui sera idéal à l’apéritif avec ses notes acidulées de fruits rouges et une fine amertume rafraîchissante qui rappelle le pamplemousse. Sa fraîcheur et sa légèreté le condamnent à être bu dans sa jeunesse, mais de toute façon vous aurez du mal à le garder longtemps dans votre cave.

2 – Le Rosé de Simone, Domaine de l’Amauve

Derrière sa robe plus soutenue que la cuvée Tradition de la Cave Romaine dont nous venons de parler, le Rosé de Simone, du Domaine de l’Amauve, assemble, en appellation Côte-du-Rhone-village, le grenache noir, le mourvèdre, le carignan et le cinsault. Une combinaison qui lui offre un certain niveau de complexité sans compromettre sa fraîcheur. C’est un véritable bouquet de petits fruits rouges, très aromatiques. Si on l’ouvre à l’apéritif (ce qui lui conviendra très bien), il vous suivra sans problème à table, ce qui n’est pas la moindre des qualités d’un rosé. D’ailleurs, le Rosé de Simone se trouvera bien dans votre cave pendant deux ou trois ans, ce qui devrait lui permettre, dans ce court laps de temps, de s’exprimer un peu différemment mais de manière très intéressante.

3 – Rouge Clair, M. Chapoutier

On pourrait discuter la présence de ce vin dans cette sélection. Non seulement, il n’appartient à aucune appellation de la vallée du Rhône, mais en plus, ce n’est pas techniquement un rosé. Cependant, son caractère atypique mérite que l’on en dise un mot ou deux. D’abord parce que malgré son classement en “Vin de France”, il est bel et bien élaboré dans le vignoble rhodanien, et par l’illustre maison Chapoutier, qui plus est. Et si ce n’est pas vraiment un vin rosé mais plutôt, comme son nom l’indique, un rouge clair, il se consomme à la manière d’un rosé, c’est à dire : très frais (mais, comme pour tous les vins, jamais glacé, au risque de voir s’envoler tous les arômes, en particulier les plus délicats). Voilà qui devrait justifier sa présence ici.

© DR/Shutterstock.com

Aussi prestigieuse et patrimoniale que soit la maison Chapoutier, elle n’en reste pas moins prête à sortir de sentiers battus. Les consommateurs font part aux producteurs depuis plusieurs années de leur appétence pour des vins frais, plus souples, moins tanniques, plus légers en alcool. Michel Chapoutier expliquait à nos confrères du Figaro, que son objectif avec cette toute nouvelle cuvée d’un nouveau genre était de “remettre au goût du jour les clairets, ces rouges légers où l’on voit le fond du verre.” Rouge Clair s’inspire donc d’une grande tradition vinicole de Bordeaux et qui n’a pas vraiment d’équivalent dans le Rhône, celle des clairets. Des rosées dit “de saignée”, dont la vinification est identique à celle des vins rouges, mais ne va pas à son terme. Cela donne des vins rouges légers, qui se consomment, nous l’avons dit, comme des rosés. À ce détail près : ils sont plus tanniques que leurs cousins, les rosés de pressurage. En témoignent les robes soutenues et profondes des clairets. Cela signifie donc que, s’ils sont moins à leur avantage au bord de la piscine, dans l’univers des vins rosés, ils n’ont pas leur égale à table ! Rouge Clair est donc de la famille des rosés qui vous tiendront compagnie avec beaucoup de tenue lors de déjeuner ou dîner estivaux… et ils ne sont pas nombreux. Assemblage simple mais élégant de grenache et de syrah, la robe grenat de Rouge Clair est éclatante. Un éclat qu’il conserve au nez et confirme au palais. C’est un vin vibrant qui exprime les fruits rouges (framboise, cerise, fraise) avec une fraîcheur rare pour un vin rouge.. ou rosé. C’est un vin dont l’énergie est assurément l’une de ses plus grande qualité et qu’il faut boire dans la fougue de sa jeunesse.

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