Rédaction
08 November 2017
Deux mondes s'affrontent: une demeure bourgeoise à la campagne dans laquelle vivent une mère et une fille et le milieu de malfrats, à Sète. Nicolas Duvauchelle a retrouvé un rôle inquiétant, au cœur d'une cité explosive. Le rappeur Nekfeu joue ici son premier rôle au cinéma.
Eventail.be - On vous retrouve dans un personnage inquiétant, violent. Pourquoi cet attrait pour ce type de rôle ?
Nicolas Duvauchelle - Il faut bien quelqu'un pour le jouer (sourire). Ce n'était évident car quand j'incarne ce genre de personnage, j'y vais à fond. Quand je le joue, je le suis vraiment. J'ai longuement pratiqué la boxe thaïe, cette discipline me protège contre les mauvais coups (sourire).
© cmaradesario FIFF |
- C'est votre troisième film avec le réalisateur Thierry Klifa. Comment expliquez-vous cette fidélité ?
- C'est une grande histoire d'amour entre nous. Lui est plutôt un intellectuel bourgeois alors que moi pas du tout. J'ai arrêté le lycée à 17 ans. Tout nous sépare...mais nous avons les mêmes affinités, des goûts communs, on n'aime pas les mêmes gens. Nous partageons une vraie amitié artistique, sans vraiment savoir pourquoi. Nous avons un autre projet de film et une nouvelle pièce de théâtre.
- Vous faites partie d'un casting étoilé : Catherine Deneuve, Diane Kruger...
- Travailler avec Catherine Deneuve est une chance. J'ai été très heureux de la retrouver (NDLR : Nicolas Devauchelle et Catherine Deneuve - et Emilie Dequenne - ont partagé l'affiche de l'excellent « RER » d'André Téchiné, 2009). Après cinquante ans de carrière, elle est tellement sympa, curieuse de tout, très loin de l'image qu'on a d'elle. Elle connaît mieux les musiques actuelles que moi. On se dit qu'on aimerait bien être comme elle à son âge. Quant à Diane Kruger, elle est une très grande actrice.
© Vertigo Films Distribution |
- Quel regard portez-vous sur la violence au cinéma ?
- Il m'arrive de regarder des films violents. La violence fait partie de notre vie aussi, il est nécessaire d'en parler sans en faire l'apologie. Le monde est violent et il ne va pas en s'arrangeant: il suffit de voir les différences de classes, les écarts de revenus, la toute puissance de la finance... Je suis pessimiste, complètement. J'essaie d'être un optimiste parce que j'ai des enfants. Ma fille a encore été victime de violence à l'école. C'est dur. La mère de l'ado vit seule, sans mari, sans argent. Ceux d'en haut ne sont pas victimes de cette violence. Le service public s'est délité, la politique sociale est délaissée. La robotisation du travail n'a fait que générer des richesses aux dépens d'autres gens mis sur le banc de la société alors que cette évolution aurait dû être une avancée majeure pour rendre le travail plus humain, plus facile. Comment ne pas être en colère. Mais il faut positiver quand même.
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