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Théâtre : une centrale nucléaire explosée, ses ingénieurs retraités et des enfants...

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Rédaction

20 September 2019

© Véronique Vercheval

[caption id="attachment_22590" align="alignnone" width=""]Les enfants, une pièce au Théâtre de Poche[/caption]Si la jeune (elle est née en 1984) dramaturge britannique Lucy Kirkwood est peu connue en francophonie, elle est une personnalité majeure de l'univers théâtral anglo-saxon. Créée à Londres en novembre 2016 et reprise à Broadway un an plus tard, Les Enfants reçut le Prix de la meilleure pièce au Writer's Guild Awards. Elle vaudra à son auteure d'être élue membre de la Royal Society of Literature (l'équivalent de l'Académie française). La version que le Théâtre de Poche présente pour le moment en est la création mondiale en français (traduction de Louise Bartlett).

Curieux titre a priori que Les Enfants pour une pièce qui met en scène des retraités : Hazel et Robin, un couple d'ingénieurs nucléaires qui vit dans un cottage isolé au bord de la mer. Ils travaillaient ensemble dans une centrale atomique voisine. Cette centrale a subi une catastrophe, peut-être causée par une malfaçon ou une erreur. Toute la région a été contaminée par les radiations. Pourtant, les deux personnages paraissent ignorer, ou plutôt occulter le chaos qui les entoure et dans lequel ils survivent. Arrive Rose, une ancienne collègue perdue de vue depuis 38 ans (mais a-t-elle vraiment disparu pendant tout ce temps et quels sont ses véritables rapports avec le couple ?). Cette Rose va leur faire une proposition glaçante et pour le moins susceptible de raccourcir sensiblement leur vie : rejoindre un groupe de retraités destinés à remplacer les jeunes ingénieurs occupés à réparer la centrale nucléaire afin de protéger les générations futures des dégâts causés par les radiations.

La pièce, sans doute inspirée par les cataclysmes de Tchernobyl (provoqué par des erreurs humaines) et de Fukushima (engendré par des catastrophes naturelles), participe de plusieurs genres. Non dénuée d'humour (très british) et de suspense, elle n'est pourtant pas très éloignée de la tragédie ; elle oscille aussi entre la comédie de mœurs (voire le Vaudeville) et la satire écologique.

[caption id="attachment_22591" align="alignnone" width=""]Le duo de comédiennes Marie-Paule Kumps et Jo DeseureLe duo de comédiennes Marie-Paule Kumps et Jo Deseure[/caption]
© Véronique Vercheval

Elle s'inscrit en tout cas parfaitement dans l'inquiétude environnementaliste actuelle. Elle constitue assurément un questionnement de l'éthique scientifique et une dénonciation de l'état dans lequel nous avons mis notre planète et du leg avarié que nous en ferons aux générations futures.

[caption id="attachment_22592" align="alignnone" width=""]Une scène de danse disco très réussie dans Les Enfants au Théâtre de PocheL'humour est présent dans la pièce, et même un peu de danse ![/caption]
© Véronique Vercheval

Le metteur en scène français Tilly a œuvré de manière efficace et dans la sobriété. Il a fort bien su créer cette sorte de normalité artificielle qui baigne la première partie (un peu longuette) du spectacle. Certaines scènes sont particulièrement réussies. Notamment une hilarante séquence de danse très disco des années 80.

L'interprétation de Jo Deseure dans le rôle de Hazel, l'épouse, s'avère des plus subtiles. La comédienne joue avec talent sur une palette de sentiments, d'émotions et de réactions parfois même contradictoires.

Marie-Paule Kumps incarne Rose, « l'agent de culpabilisation et de recrutement », en laissant entrevoir des blessures secrètes, cachées sous une sincère volonté de rachat.

François Skivie défend habilement, avec une fausse rondeur, le rôle de Robin, le mari, peut-être le personnage le moins intéressant du trio.

Les Enfants, une pièce de Lucy Kirkwood au Théâtre de Poche à Bruxelles.
Une coproduction du Théâtre de Poche et de la Coop asbl à voir jusqu'au 10 octobre
Infos et réservations : www.poche.be
 

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