En toute santé : Le régime anticancer, mythe ou réalité ?

Pour répondre aux besoins de nos cellules, notre alimentation doit être équilibrée avec une bonne répartition entre les sucres ou glucides (40%), les graisses ou lipides (30%) et les protéines (30%). La majorité des aliments en contiennent dans des proportions diverses.

On trouve les glucides surtout dans les légumes, les fruits, les céréales et les légumineuses (le soja, les lentilles, fèves, haricots, pois et pois chiche). Les lipides sont soit d’origine végétale (noix, noisettes, amandes, olives,) soit d’origine animale (beurre, crème…). Les protéines animales se trouvent dans la viande, le poisson, les œufs et les produits laitiers tandis que les protéines végétales sont présentes dans les céréales et les légumineuses. Quand les aliments n’ont pas été raffinés ni (trop) transformés, ils contiennent plus de micronutriments (vitamines, oligoéléments).

Les cuissons à haute température (comme le barbecue) et certains procédés de préparation industrielle des aliments ont pour effet de modifier leur forme chimique et de les rendre difficilement assimilables, voire toxiques. Suite aux processus utilisés pour l’extraction industrielle des huiles, une partie des graisses qu’elles contiennent est modifiée ce qui les rend néfastes. Pour être bien assimilées, les huiles doivent être extraites à froid et sans solvants chimiques, un procédé qui respecte leur structure de départ et les garde parfaitement assimilables. Enfin, les aliments doivent avoir été produits sans l’adjonction de trop de produits chimiques (pesticides, engrais) dont une partie est toujours présente au moment où ils sont consommés.

Alimentation et cancers

Beaucoup d’études abordent la problématique de l’alimentation anticancer et il existe des recommandations diététiques parfois contradictoires. Une alimentation trop riche en calories et graisses et protéines d’origine animale serait un des facteurs de risques du cancer du sein et de la prostate. Le cholestérol et ses dérivés sont des précurseurs des hormones (oestrogènes, progestérone) impliquées dans la croissance des tumeurs hormonodépendantes, il faut donc diminuer la prise de graisses animales.

L’alimentation “bio” qui est théoriquement moins chargée en agents cancérigènes comme les pesticides et autres conservants est recommandée même si aucune étude scientifique n’existe sur la réduction du risque de cancer.

Beaucoup d’études se sont penchées sur l’effet de divers régimes sur la prévention du cancer et de ses récidives.

Le régime anticancer

Comme précisé plus haut, il faut privilégier des aliments de qualité , les moins transformes possible , en choisissant plutôt des graisses d’origine végétale plutôt qu’animale et plutôt un mode de cuisson à basse température. La consommation d’alcool est un facteur oncogène bien connu. Il agit en stimulant la prise de poids mais aussi par son effet toxique. Le fait de consommer de l’alcool surtout si le taux acide folique bas entraine un risque de 1.2 à 4 fois de développer un cancer du sein. Néanmoins, le vin ne doit pas être systématiquement supprimé car les polyphénols qu’il contient sont des antioxydants efficaces qui ont un effet anticancer. Une revue de la littérature médicale a bien montré que les patientes avec un cancer du sein ont une meilleure survie si elles consomment des aliments riches en fibres et du soja.

La prise de fruits et de légumes est importante afin d’avoir un apport en vitamines et antioxydants naturels : les mangues, agrumes, pommes, raisins et fruits rouges sont riches en polyphénols qui sont d’excellents antioxydants. La grenade serait particulièrement intéressante car elle aurait un effet anti-aromatase naturel et donc pourrait agir comme l’hormonothérapie dans le cancer du sein. Les brocolis comme les autres crucifères (choux fleur, choux de Bruxelles, cresson), auraient des vertus anticancer grâce à leur haute concentration en glucosinates et isothiocynates. Cependant, il n’existe aucune étude scientifique pour en valider la réelle efficacité.

La consommation de thé vert , riche en antioxydants, aurait un effet inhibiteur sur la croissance des cellules cancéreuses mais ce n’est pas clairement démontré dans le cancer du sein. La consommation de café, pas toujours bien considérée sur le plan de la santé pourrait diminuer de 20% le risque de développer une forme agressive de cancer du sein.

Le régime végétarien souvent proposé comme anticancer, n’aurait d’après une étude récente pas d’effet protecteur sur les récidives et peut surtout induire des carences . Par contre, le régime de type méditerranéen (protéines végétales, céréales non raffinées, fruits, légumes, poisson, huile olive extra vierge de première pression, peu d’alcool, pas de sucreries et de viande rouge) est vraiment considéré comme le régime anticancer par excellence : il pourrait avoir un effet protecteur par sa richesse en antioxydant et pourrait réduire de façon significative le risque de cancer du sein, prostate et digestif.

References : 
Godos et al. Vegetarianism and breast, colorectal and prostate cancer risk. J Human nutrition Diet, 2016
Limon-Miro AT, Lopez-Teros V, Astiazaran-Garcia H. Dietary Guidelines for Breast Cancer Patients: A Critical Review. Adv Nutr. 2017 Jul 14;8(4):613-623.
Mentella MC, Scaldaferri F, Ricci C, Gasbarrini A, Miggiano GAD. Cancer and Mediterranean Diet: A Review. Nutrients. 2019 Sep 2;11(9):2059.

Le Dr. Corinne Hubinont, gynécologue obstétricienne de renom, est Professeur Émérite en obstétrique à l’UCLouvain dont elle a également été pendant des années la cheffe de service clinique du département d’obstétrique (médecine fœtale et maternelle) et la responsable à l’IREC du département de recherche en obstétrique.

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