Sylvie Dejardin
18 March 2022
Les principes d’Hippocrate et d’Épicure sont réunis dans une assiette aussi colorée que savoureuse aux fabuleuses vertus. Quels apprentissages pouvons-nous tirer d’une pratique séculaire qui suscite tant d’intérêt et émoustille la communauté scientifique ? Les fondements de cette diète authentique doivent nous inspirer dès aujourd’hui et pour les générations de demain.
Inscrit depuis 2010 par l’Unesco au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, la diète méditerranéenne dévoile sa science au travers de nombreux ouvrages. Trouver la juste énergie, puisée au cœur même des aliments soigneusement sélectionnés, consommés sans excès, à l’idéale maturité serait la recette pour vivre plus de cent ans, en pleine possession de ses moyens et avec une joie de vivre inégalée. Le bonheur à la méridionale.
Satisfaire son estomac et nourrir son âme, voilà déjà deux clés qui ouvrent les portes de la longévité. De nombreuses études attestent du lien étroit qui unit diète crétoise et santé à la fois physique et cognitive. Cette alimentation salvatrice diminue les risques de développer bien des pathologies, comme les maladies cardiovasculaires, les cancers du sein et colorectal, les maladies neurodégénératives, inflammatoires, le diabète, la dépression, l’asthme, voire les dysfonctions érectiles. Tant de bénéfices par le biais d’une assiette préventive à souhait. D’autres ingrédients viennent affiner la recette : peu de stress, une vie calme sans monotonie pour autant, une activité physique modérée mais régulière, des interactions sociales bienveillantes et un vin rouge qui, bien que consommé avec réserve, ravive les papilles et réchauffe le cœur.
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La très précieuse huile d’olive est le fleuron de la diète crétoise. Principale source de lipides, l’huile extra vierge de première pression à froid ravit par son goût et sa haute valeur nutritionnelle. Exempte de graisses saturées, elle est réputée pour ses atouts cardioprotecteurs et accompagne généreusement tous les plats, des salades aux préparations chaudes sans exception. Les acides gras oméga-3, anti-inflammatoires, viennent des poissons gras, consommés au moins deux fois par semaine et des oléagineux (noix, amandes…) qui font partie intégrante des habitudes alimentaires locales. Les fruits secs sont également source de fibres et de protéines d’excellente qualité. Les études épidémiologiques ont associé leur consommation à une réduction de la prévalence des maladies coronariennes.
Fruits et légumes, multicolores, baignés de soleil, cultivés dans un sol sans pesticides, regorgent d’antioxydants. Ils composent une large part de l’assiette et accompagnent les légumineuses (pois chiches, lentilles, haricots rouges et blancs…), mines de fibres, de protéines, vitamines et minéraux. La viande n’est pas exclue, bien au contraire, mais elle sera consommée avec parcimonie et bon sens. Les animaux élevés de façon industrielle n’ont pas leur place dans cette alimentation où tout est qualité et respect du vivant. Mal nourris, mal traités, ils viendraient ternir cette image d’Épinal si parfaite. Les animaux auront ici tout le loisir de brouter en liberté, profitant de la végétation locale.
Les céréales complètes, non raffinées, occupent aussi une place de choix dans l’assiette méditerranéenne. Ce sont d’excellentes sources d’énergie favorablement dépensée par l’exercice physique quotidien, garante de santé et d’équilibre.
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Les produits laitiers sont également présents dans la diète méditerranéenne, toujours en quantité modérée. La mondialement célèbre feta, le non moins fameux yaourt grec, mais aussi fromages de chèvre ou de brebis en droite provenance… du fermier le plus proche, égayeront les plats traditionnels.
Les herbes aromatiques, épices et condiments parfument avec finesse toutes les préparations. Ainsi ail, origan, menthe, basilic, coriandre, citron, thym permettent de se régaler en émerveillant tous nos sens. Un bouquet thérapeutique d’une extraordinaire variété.
Hélas, aujourd’hui, cette diète séculaire se fait supplanter par une triste modernité aux conséquences catastrophiques, notamment sur les chiffres de l’obésité infantile. L’alimentation industrielle, occidentale, rapide, insipide, standard grignote tous les jours de nouvelles parts de cette assiette providentielle, même dans cet Éden que l’on croyait préservé. Cette success story de vie, qui emprunte son irremplaçable pharmacopée dans le respect du vivant sans jamais le détruire, doit rester source d’inspiration. Profiter d’un savoir si précieux, qui a fait ses preuves à travers les siècles, sur toute une population, devrait être encouragé pour ne pas en perdre une miette.
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