Martin Boonen
07 July 2023
On ne présente plus Edouard Vermeulen, le tailleur des grands de ce monde, qui a durablement planté le drapeau belge au sommet de la mode et de l’élégance internationale. Pourtant, ce que l’on ignore, c’est qu’il est aussi l’héritier d’une tradition belge bien plus ancienne que la mode : la bière.
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Fondé à Ypres en 1836 par Polydor Vermeulen, la brasserie Vermeulen était, jusqu’en 1976, une florissante brasserie réputée pour son Ypra, une bière blonde typique de notre terroir. Le dernier brasseur de l’Ypra, Charles Vermeulen n’était personne d’autre que le père d’Edouard, fondateur de la célèbre maison de haute couture Natan. On le savait donc couturier, on le découvre aujourd’hui fils de brasseur. Si Charles était devenu une personnalité locale, Edouard est désormais une référence mondiale. Mais pas de quoi faire oublier à ce dernier ses origines. D’autant plus que l’histoire ne s’arrête pas là.
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À la fin des années 70’, Charles Vermeulen réoriente les activités de la brasserie vers la distribution plutôt que la production. Les cuves de la brasserie Vermeulen cessent de produire de la bière. Il y a deux ans, à la faveur d’un renouveau du marché de la bière, Omer Jean Vander Ghinste, neveu de Charles Vermeulen, et lui-même à la tête d’une autre brasserie familiale (la brasserie Omer Vander Ghinste, connue pour brasser les bières Omer et LeFort), reprend les activités de l’historique brasserie Vermeulen.
Vermeulen et Vander Ghinste : des cousins qui partagent le même héritage brassicole © DR
Cette reprise par des cousins brasseurs ouvrait la porte à la renaissance du fleuron de l’ancienne brasserie Vermeulen : la bière Ypra. Omer Jean et Edouard, les deux cousins, ne se sont pas laissé prier très longtemps. « La bière que nous lançons aujourd’hui est une bière blonde, douce et fraîche, décrit Omer Jean Vander Ghinste. Nos brasseurs se sont inspirés pour ce faire de la recette originale de l’Ypra, une bière de haute fermentation basée sur la tradition des ales anglaises.”
Edouard Vermeulen, de son côté, ne cache pas son plaisir de voir son héritage familial reprendre vie : “L’Ypra me ramène à mon enfance à Ypres. Je suis très heureux qu’elle reste dans la famille. Et même si j’ai quitté depuis longtemps la Flandre occidentale pour aller vivre à Bruxelles, nous sommes toujours restés très proches de la famille Vander Ghinste. Par respect pour la tradition familiale, j’ai immédiatement accepté la proposition d’Omer Jean de contribuer à cette belle et authentique histoire.”
© Ekkow Photography
En effet, si ce sont bien les équipes d’Omer Vander Ghinste, sous la férule d’Omer Jean, qui se sont occupées de la bière, il a incombé à Edouard Vermeulen de l’habiller. Le couturier a donc mis son sens de l’esthétique au service du renouveau de l’Ypra. Il a choisi pour ce faire des tons chauds et contemporains très engageants. Le passé de la brasserie Vermeulen est évoqué à plusieurs endroits. À notre sens, le créateur a trouvé le juste équilibre entre références historiques et modernité. Un exercice difficile qui ne pardonne pas le manque d’inspiration.
On la verse dans un très beau verre technologique. Évasé en son milieu, il se referme fort vers le haut : il est conçu pour renforcer l’expérience de dégustation et présenter la bière sous son meilleur profil… aromatique. Sa robe, claire et nette, oscille entre l’or et le cuivre. Au nez, les notes florales et d’agrumes (orange, pamplemousse) promettent une belle amertume. Un sentiment confirmé en bouche mais l’amertume entrevue est atténuée par des touches de fruits secs grillés (noisettes, amandes) qui lui apportent de la douceur, de la rondeur, sans compromettre la fraîcheur et la légèreté. L’impression qui domine à la dégustation est celle d’un grand équilibre qui lui confère une vraie élégance. L’Ypra à la qualité rare de pouvoir, tout à la fois, rassasier une grande soif, ouvrir l’appétit à l’apéritif ou même accompagner un déjeuner estival.
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Avec Omer Jean Vander Ghinste et Edouard Vermeulen, ce sont donc deux bonnes fées brassicoles qui se sont penchées sur le berceau de la renaissance de l’Ypra. Bon sang ne saurait – décidément – mentir.
Photo de couverture : © Ekkow Photography
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