Leur aventure viticole commence souvent par l’amour du partage, le sens de l’amitié, de la fête, des petits plats et des bonnes bouteilles qui vont avec… Jamais aussi heureux qu’assis autour d’une table, à échanger de façon épicurienne autour de cépages, de millésimes, de producteurs, de terroirs, de régions viticoles, de techniques de vinification, ces passionnés sont capables de parler pendant des heures de géologie, météo, techniques ou partis pris de vinification, différences entre les cépages, qualités et exposition d’un terroir, différences entre les millésimes… Mais tous le font avec un trait de caractère commun : le désir de faire découvrir leur dernier coup de cœur ou leur dernière trouvaille en ouvrant de bonnes bouteilles. Moins pour prolonger l’instant présent que pour commencer par le vivre pleinement autour d’un flacon cher à leur goût et à leur cœur.
À l’image de Philippe Austruy, ce Belge passionné par le vin et propriétaire de prestigieux vignobles entre le Haut-Médoc bordelais, la Provence, le Portugal et l’Italie. C’est en esthète qu’il a construit son univers viticole dans lequel il associe l’art et les tableaux, car, pour lui, les correspondances – déjà nombreuses – commencent par l’étiquette. “C’est historique : dans les grands crus et les bouteilles aux valeurs traditionnelles, ce qui est le plus souvent mis en avant, c’est le château, la chartreuse, la bâtisse, un toit, une frise… Bref, l’identité du vin est très fréquemment liée à son architecture, à son patrimoine, un premier univers magique à explorer.”
Une vision que partage également Pierre Durand, ancien médaillé olympique, qui a pour le sang de Bacchus un respect profond assorti d’un regard peu commun. C’est par attachement à la terre de ses ancêtres paternels qu’il est tombé amoureux du monde du vin. Son grand-père et son père possédaient une propriété en Bordeaux Supérieur. Le vin comme élément de culture, son installation à Saint-Émilion, à la lisière des crus mythiques de La Gaffelière et d’Ausone, lui ont permis d’éduquer son palais et d’approfondir ses connaissances œnologiques. En 2000, avec son épouse, Pierre Durand réalise son rêve en achetant un Saint-Émilion Grand Cru sur le terroir de Saint-Christophe-des-Bardes. Le couple conservera ce vignoble jusqu’à sa séparation, en 2006. “Faire son propre vin, c’est une expérience très gratifiante. On ressent une grande satisfaction à être propriétaire d’un vignoble. On ne boit plus ‘du’ vin mais ‘son’ vin.” Pour lui, les analogies entre l’univers hippique et le monde œnologique sont nombreuses. “Grace à ces deux passions, j’ai eu le privilège de rencontrer des êtres de partage et de convivialité comme Jean Rochefort, Maurice Druon ou Édouard de Rothschild.” La liste des célébrités est longue…
Pierre Durand
Le cérémonial qui accompagne l’ouverture d’un grand millésime lui rappelle celui des champs de course. Et comme beaucoup de cavaliers sont issus du monde viticole, voir travailler un cheval dans les vignes lui procure un plaisir aussi intense que celui d’admirer les prouesses d’un cheval de sport. “J’aime l’humilité.” Cette humilité, Pierre Durand la compare à ces petits vins de table auxquels on est si attaché et dont le plaisir qu’ils nous procurent n’a rien à avoir avec la notoriété. Comme pour les chevaux, des plus rustiques aux plus élégants, l’important, c’est la relation que l’on entretient avec eux.
Si tant est que les mêmes causes produisent les mêmes effets, c’est aussi grâce à un père et à un grand-père amateurs de bons vins que Bernard Gault, Alsacien d’origine, a commencé à collectionner, dès l’âge de vingt-quatre ans, ses coups de cœur avec l’argent de ses premiers salaires. Insatiable curieux, après avoir fait le tour de la planète en goûtant des vins de tous horizons, ce génie des marchés internationaux a cherché longtemps un lieu où le foncier était encore abordable et où, historiquement, les vins étaient réputés. La rencontre de la raison et de la passion ont conduit cet investisseur au Domaine des Bernards, à Chinon, qu’il a acheté en 2022. “Passer de collectionneur à vigneron, c’est un rêve et un idéal de vie qui s’est imposé à moi, car il arrive un jour où, à force de boire les vins des autres, on a envie de faire le vin qu’on aime, afin de le faire partager aux gens qu’on aime.”
Bernard Gault
Cette aventure humaine dont les défis ont su séduire de très nombreux entrepreneurs a su plaire aussi aux sportifs de haut niveau passés du ballon ovale au ballon de rouge ! Nourrissant un amour pour les vins “de copains” et les grands crus, ils ont, certes, eu une première vie enrichissante, mais ils s’enthousiasment pour leur seconde, à l’image de l’ancien capitaine du Stade Français, Gérard Bertrand, qui a repris, en Corbières, le domaine de son père et en a fait un empire envié par tous. Seize châteaux et domaines, dont la majorité sont cultivés en biodynamie, et le Château l’Hospitalet dans l’appelation La Clape, un wine resort 5 étoiles avec spa, qui accueille des amateurs de vins, de gourmandises, d’art, de bien-vivre et de bien-être dans douze chambres et vingt-neuf suites au goût parfait.
Après une brillante carrière chez Apple, Laurent David entame une reconversion dans la wine tech en lançant avec succès l’aventure du Château Edmus. Située sur l’AOC de Saint-Émilion, cette petite pépite de 1,6 hectare est la première acquisition de ce vigneron au profil atypique et de ses copropriétaires wine angels !
C’est cette même passion du risque associée à l’univers des vignerons qui a poussé Jean-François Dudognon à devenir caviste. Ce financier breton a choisi d’installer sa “Cave” rue Corvetto, à Paris, un temple de Bacchus qui propose désormais 650 références de crus très pointus avec de vraies découvertes à la clé ! “J’aime ce métier de caviste : il permet de rencontrer des gens de tous milieux sociaux, mais qui sont portés par le même enthousiasme autour du vin. C’est un cadeau que l’on offre et que l’on reçoit”, nous confie ce financier atypique. Comme quoi, si certains boivent pour oublier, eux, c’est sûr, boivent pour se souvenir…
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