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Maredret Monasterium : des bières sous l’égide de Sainte Hildegarde

BièreDrinkMade in BelgiumMaredret

Martin Boonen

25 October 2024

Quand les sœurs de l’abbaye de Maredret ont cherché à produire une bière pour soutenir financièrement leurs bonnes œuvres, elles ont voulu le faire à leur façon : de manière joyeuse et censée. En s’associant avec le brasseur John Martin’s, elles ont créé trois bières uniques et originales, qui rendent hommage à leur savoir-faire et à l’héritage de Sainte Hildegarde de Bingen, l’une des premières naturopathes de l’histoire et patronne officieuse de l’abbaye.

Peu de gens le savent, mais, à quelques centaines de mètres de la célèbre abbaye de Maredsous se niche une autre abbaye : l’abbaye des saints Jean et Scolastique, ou plus simplement abbaye de Maredret. Et si ces deux abbayes sont autonomes l’une de l’autre, elles partagent inévitablement un petit bout d’histoire. En effet, Maredret fut fondée en 1893 par Agnès de Hemptinne, qui n’est autre que la sœur de Dom Hildebrand de Hemptinne, abbé de Maredsous de 1890 à 1909.

L’abbaye des saints Jean et Scolastique, à Maredret © Maredret Monasterium/John Martin's

Outre cette histoire de famille, les deux abbayes partagent aussi un style architectural : le néo-gothique, très en vogue à la fin du XIXe siècle.

Artisanat d’art

Plus restreinte en termes de taille que l’imposante voisine de Maredsous, l’abbaye de Maredret n’est pas dépourvue de trésors. Sa grande crypte, à l’acoustique formidable pour les concerts, son autel, taillé dans un seul bloc de pierre massif, ou encore ces belles stalles ouvragées dans le cœur de l’abbatiale, éclairées par des luminaires dessinés spécialement pour elles par Victor Horta (qui habitait à Falaën, à quelques kilomètres de là), sont autant de petits bijoux qui valent le détour. Et si nous parlons de bijoux, ce n’est pas pour rien.

© Maredret Monasterium/John Martin's

© Maredret Monasterium/John Martin's

Les lampes signées Victor Horta © Maredret Monasterium/John Martin's

Il y a sur le plateau de Maredsous, que se partagent les deux abbayes, une longue et ancienne tradition d’artisanat d’art. L’actuel centre d’accueil touristique St-Joseph, à mi-chemin entre Maredsous et Maredret, était à l’origine le siège de l’École des Métiers d’Art, destinée à former des artisans de haut niveau en orfèvrerie, ébénisterie et, plus tard, céramique. Il a vu s’ouvrir après la première guerre mondiale les Ateliers d’Art, avec des sections d’orfèvrerie, d’ébénisterie et plus récemment de céramique. À Maredret, les sœurs se sont très vite fait une spécialité d’enluminures d’une éblouissante qualité. En témoigne l’impressionnant travail d’enluminure de la célèbre lettre pastorale du cardinal Mercier, visible à l’abbaye.

© Maredret Monasterium/John Martin's

Au fil des années d’une patiente pratique toute religieuse, les moniales de Maredret ont acquis et développé un savoir-faire rare et précieux qu’elles partagent volontiers avec leurs hôtes. La mère abbesse, Mère Bénédicte, anime les ateliers de l’école d’enluminure fondée en 2003 et forme la relève pour conserver la connaissance et la pratique de cet art, à la fois si ancien et si fragile.

© Maredret Monasterium/John Martin's

L’abbaye de Maredret accueille aujourd’hui une petite communauté de vingt moniales. Un chiffre qui peut paraître faible au regard de la communauté de presque cent religieuses que comptait Maredret au plus fort de son histoire. Mais si elles ne sont plus si nombreuses, les sœurs de Maredret font preuve d’un grand dynamisme.

Sainte Hildegarde de Bingen

Outre les concerts et formations en enluminures que nous avons évoqués, les soeurs, fidèles à la devise de leur abbaye “ora et labora” (‘prie et travaille’, une injonction toute bénédictine), tiennent également une hostellerie pour des retraites spirituelles, un magasin artisanal, et entretiennent sans relâche leur jardin, dans lequel on retrouve un verger, un rucher et un impressionnant potager d’herbes médicinales. En effet, les sœurs de Maredret sont très influencées par la figure religieuse et les enseignements de Sainte Hildegarde de Bingen. Cette dernière, bénédictine comme les sœurs de Maredret, fut non seulement abbesse du monastère de Disibodenberg et fondatrice de celui de Rupertsberg au XIIe siècle, mais ses travaux sur les plantes lui permettent d’être considérée comme une des toutes premières naturalistes d’Allemagne et l’une des premières naturopathe de l’histoire.

Le potager de l'abbaye de Maredret est un trésor de permaculture © Vincent Duterne/JAM-S

En effet, la religieuse employait dès le XIe siècle les plantes pour soigner diverses affections du corps et de l’esprit, dans la plus pure tradition des monastères. « Quand l’âme et le corps fonctionnent en parfaite harmonie, ils reçoivent la récompense suprême de la santé et de la joie » peut-on lire dans ses écrits. À travers ce potager fantastique, la communauté religieuse de Maredret perpétue l’héritage de Sainte Hildegarde. Avec toutes ces ressources amoureusement cultivées, l’abbaye de Maredret vit pratiquement en autarcie. Un tour de force que l’on doit au courage joyeux et au travail des sœurs.

© Maredret Monasterium/John Martin's

Mais, tous ces bons sentiments, toute cette énergie ne sont rien sans le nerf de la guerre : l’argent. Or, les sœurs de Maredret, malgré toute leur bonne volonté, ne sont pas riches et les charges qui pèsent sur une abbaye historique comme la leur sont très lourdes. Trop pour leur petite communauté. Alors, pour joindre les deux bouts et pérenniser l’avenir de Maredret, elles s’inspirent de la réussite économique indiscutable de l’abbaye voisine, à Maredsous. Les sœurs de Maredret constatent l’intérêt du partenariat entre Maredsous et le brasseur Duvel-Moortgat pour la production et la commercialisation de la bière de leurs voisins. Commes les relations entre les deux abbayes cousines sont très cordiales, les soeurs demandent à leurs frères de Maredsous si Duvel-Moortgat (qui brasse, outre les bières de Maredsous, les Duvel et Vedett) ne pourrait pas éventuellement faire un peu de place dans ses cuves pour une bière qui porterait le nom de l’abbaye de Maredret. Les sœurs ont d’ailleurs une idée assez claire de ce qu’elles veulent mettre en bouteille. Pas question de mettre sur le marché une n-ième bière d’abbaye juste pour renflouer les caisses. Si une bière porte le nom de l’abbaye de Maredret, c’est qu’elle en partage l’esprit. On saluera au passage tout le bon sens de la communauté qui ne désire pas diluer ses valeurs dans une recherche lucrative, tout en voulant se démarquer commercialement du reste du marché. En effet, les moniales de Maredret désirent ardemment, à travers leurs futures bières, rendre hommage à Sainte Hildegarde en incorporant à leur recette certaines plantes aromatiques.

© Maredret Monasterium/John Martin's

Malheureusement pour Maredret, Duvel-Moortgat, grand groupe industriel à la puissance de feu importante, mais moins manoeuvrable qu’une plus petite brasserie, ne peut répondre à une demande à ce point hors des sentiers battus.

Le soutien de John Martin’s

Mais tout n’est pas perdu pour les bières de Maredret, car, d’un autre côté, le groupe brassicole John Martin’s, qui vient de voir s’éteindre son contrat de distribution avec l’abbaye trappiste de La Trappe, cherche à remettre dans son intelligent portefeuille de bières (composé de bières spéciales avec les bières Waterloo, de pils avec Martin’s et de bières de fermentations spontanées avec Timmermans) un peu d’esprit monacal.

© Cliff Lucas Photo

Comme les deux parties sont faîtes pour s’entendre, le brasseur dépêche Thomas Vandelanotte, l’un de ses maîtres brasseurs, à Maredret pour discuter avec les sœurs du type de bières qu’elles désirent brasser. Ensemble, ils font le tour du jardin, du verger et du potager. Thomas découvre des poires, des baies de genévrier, de la coriandre, de la sauge… De cette rencontre en pleine nature, sous les hauts murs de l’abbaye, naissent, dans les cuves de John Martin’s à Waterloo, trois bières : l’Altus, la Triplus, et l’Extra.

Les soeurs de l'abbaye de Maredret ont personnellement participé, à la brasserie de Waterloo de John Martin's, à un brassin de leurs bières © Maredret Monasterium/John Martin's

On distingue dans la première, l’Altus, brassée à base d’épeautre, de gourmandes notes de noisettes qui sont immédiatement rafraîchies par la vigueur des baies de genévrier. On ressent, dans la Triplus, la même douceur, mais le côté herbal, très rafraîchissant, venu de la sauge, équilibre son acidité. La petite dernière, l’Extra, la plus légère de toute la famille, est aussi la plus surprenante avec ses intenses touches de poires et la fraîcheur du gingembre.

© Maredret Monasterium/Anthony Martin

Toutes les bières de Maredret sont singulières et originales. Elles se distinguent par une très grande digestivité qui s’accompagne d’une belle buvabilité. Ce sont des bières étonnantes, à l’image de la joie et du plaisir qu’inspire à leurs visiteurs la communauté des sœurs de Maredret quand on vient les visiter. SI ces bières sont, grâce au réseau de distribution de John Martin’s disponible chez des cavistes, des boutiques spécialisées ou même chez Carrefour, n’hésitez pas, si vous en avez l’occasion, à les découvrir directement à l’abbaye, ne fusse que pour rencontrer et discuter avec les sœurs et apprécier la générosité de leur accueil et la joie qu’elles transmettent.

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